Cinq cent mille sangliers abattus : tel est le tableau de la chasse au sanglier au niveau national pour l’année 2008. Le tableau de chasse est considérable aussi dans les départements rhônalpins, plus de 15 000 sangliers abattus en Ardèche, et même 1200 animaux dans le département du Rhône ( voir les chiffres ci-dessous)
Les populations de sangliers ont augmenté de manière spectaculaire ces dernières années. Ce constat est la conséquence d’une évolution historique. Il y a une quarantaine d’années, les populations avaient touché un point bas. Les chasseurs étaient nombreux dans une France davantage rurale et les populations avaient baissé. Il a été nécessaire de réagir pour les maintenir à un niveau intéressant.
Elevages, lâchers et pollution génétique
Le monde de la chasse a favorisé des élevages, voire des croisements avec des cochons domestiques, les deux espèces pouvant être croisées. Le sanglier possède 38 chromosomes, le cochon domestique 36 et l’hybride 37. Des hybrides présentant les caractères phénotypiques du sanglier ont été relâchés, ce qui a contribué à relancer les populations, mais en les polluant. Une autre voie a été la mise en place d’une régulation de la chasse. Les sangliers ont bénéficié aussi de conditions environnementales. Ils ont profité du développement de certaines cultures, en particulier celle du maïs, mais aussi d’un déclin relatif de la chasse. Ils ont apprécié la multiplication des zones refuges. « Le sanglier sait où il peut se protéger» explique Yves Bray, responsable du Service département de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage pour le Rhône.
Des niveaux élevés
Aujourd’hui les populations ont atteint un niveau très élevé. « On ne peut pas les connaitre exactement. On ne peut pas effectuer de comptages et la connaissance reste très approximative. On ne connait que les prélèvements» explique Yves Bray.
On connait aussi la dynamique des populations par les conséquences de leur présence. Les effets les plus évidents sont les dégâts agricoles, surtout aux cultures de maïs quand ce dernier est à l’état laiteux. Les montants des dégâts sont connus car les agriculteurs en demandent l’indemnisation aux Fédérations départementales des chasseurs. Une partie des cotisations annuelles des chasseursest en effet utilisée pour indemniser les dégâts de gibier. Les indemnisations atteignent parfois des montants élevés. Dans le Rhône en 2008, les indemnités ont atteint 60 000 euros.
Collisions
La présence de populations nombreuses a d’autres effets « Le sanglier provoque des dégâts sur les peuples forestiers, dans les parc, des accidents avec des collisions avec des véhicules» explique Yves BRAY. Le sanglier peut aussi poser des problèmes sanitaires quand il est porteur de la trichinose.
Le Ministère préconise la prise en compte du sanglier dans les Schémas Départementaux de Gestion Cynégétique (SDGC). Ces schémas doivent reposer sur une connaissance précise, par zones, des populations et des dégâts. Les recommandations indiquent qu’il faut des interventions à partir du moment où les effets ces populations dépassent certains seuils.
Elevages de sangliers
Le contrôle des populations suppose l’intégration des sangliers dans des Plans de chasse ( fixés par arrêté préfectoral) ou dans des Plans de gestion plus souples, inclus dans des Schémas Départementaux de Gestion Cynégétique. Les mesures passent par un contrôle plus strict des élevages qui continuent à fournir des populations alors que les populations sauvages croissent. Le problème de la pureté génétique ne semble pas totalement réglé.
Les élevages de sangliers destinés à la fourniture de venaisons viennent aussi en concurrence avec la mise en place de filière de commercialisation de gibiers issus de la chasse. La Fédération Nationale des Chasseurs et les Fédérations Départementales des Chasseurs cherchent en effet à développer la vente de gibier chassé. La vente de gibier est tout à fait légale si le gibier a été abattu dans des conditions réglementaires. Il ne semble pas que l’abondance de sangliers, dans certains secteurs entraine le développement d’une chasse ayant pour débouchés des circuits commerciaux non contrôlés. Les filières contrôlées peuvent donc être une solution.
Le sanglier en Rhône-Alpes
AIN: Le sanglier est très présent dans les secteurs du Revermont, du Bugey, dans certains secteurs de la Dombes. Le tableau de chasse se situe entre 3000 et 4000 animaux.
ARDECHE: le sanglier est très présent partout, en raison du relief et du couvert forestier du département où l’agriculture est très dispersée, où le sanglier trouvent une nourriture abondantes de glands et de châtaignes.
DROME: le sanglier est très présent dans les secteurs montagneux du Vercors. Le tableau de chasse se situe entre 7000 et 10 000 animaux.
ISERE: Le sanglier est très présent dans le Trièves, et Matheysine, dans le Beaumont.
LOIRE: le sanglier est très présent dans les secteurs montagneux du Pilat, du Forez, des Monts de la Madeleine
RHÔNE: le sanglier est abondant dans toutes les forêts du département et il a même été très abondant dans le Mont d’or.
SAVOIE: abondant des les versants montagneux jusque dans les alpages. Tableau de chasse entre 3000 et 4000 animaux.
HAUTE SAVOIE: abondant dans les versants montagneux, jusque dans les alpages. Tableau de chasse, environ 3000 animaux.
Le “prix” du sanglier tué
La régulation des populations de sanglier est réalisée par la chasse. Le “prix” du sanglier tué est calculé de la manière suivante. Le montant des dégâts payés est divisé parle nombre de sangliers tués. Plus les dégâts indemnisés sont élevés, moins le nombre de sanglier est élevé, plus le « sanglier tué » « coûte” cher.
Dans le RHÔNE, le prix du sanglier tué se situe entre 30 et 50 euros l’animal. Mais ce prix varie d’une unité de gestion à l’autre (il y en a huit). Dans les secteurs où les dégâts sont nombreux et les indemnités élevées, le prix peut monter jusqu’à ce que le tableau de chasse augmente pour réduire les dégâts. Mais dans le Mont d’Or, le prix du sanglier tué a atteint 200 euros, et il a atteint 150 euros dans certains secteurs du Haut Beaujolais.