Le développement (durable) est un défi énorme pour les habitants des pays industrialisés et davantage pour ceux des pays les moins avancés. Une grande partie se ces défis s’imposent aux pays du Sud. Pour Serge Michailof ( 1) les risques viennent de plusieurs types de pays.
Des risques importants sont représentés par les pays « faillis », qui après des guerres ou des catastrophes, se trouvent dépourvus d’Etats capables d’assurer toutes les fonctions régaliennes, de la police à l’économie, de faire face aux besoins essentiels de leurs habitants. La démographie impose d’autres défis : en Afrique, au Maghreb, des dizaines de millions de jeunes vont naître et demander du travail dans des économies où ils pourront difficilement en obtenir.
Pays émergents
La croissance rapide de pays émergents très peuplés a aussi des conséquences économiques et environnementales sans précédent. Les rythmes de croissance de la Chine, de l’Inde, ne ralentiront pas et exerceront une pression croissante sur les ressources et sur l’environnement. Les émissions de CO2 de la Chine vont être multipliées par trois d’ici à 2030. Serge Michailof redoute que l’exploitation agricole de terres malgaches par des investisseurs étrangers ne laisse que des milieux dégradés.
Des pays comme le Mexique, la Turquie, Singapour, le Brésil, et plus près de nous la Tunisie, augmenteront le niveau de vie de leurs habitants en consommant davantage de matières premières. Le besoin de matières premières se traduira par une augmentation des prix, mais le risque est grand de voire cette manne accaparée par des oligarchies. « Le pétrole peut être un cadeau empoisonné » explique Serge Michailof.
L’Aide publique un outil géopolitique
Pour répondre à des risques, l’Aide Publique au Développement (APD) ne doit pas seulement chercher à réduire la pauvreté : elle doit être un outil global de développement et un instrument de gestion géopolitique.
Or, la France est trop souvent aux abonnés absents lorsqu’on parle d’APD. Elle affiche une aide annuelle de 9 milliards de dollars, mais une partie de cette aide est en fait représentée par des dettes annulées, des fonds accordés autrefois, dépensés, qui ne seront simplement pas réclamés.
L’aide publique au développement, celle de la France comme celle d’autres pays, doit se concentrer sur des objectifs essentiels : rattrapage économique, lutte contre la grande pauvreté, reconstruction des états. La première priorité est la reconstruction des infrastructures étatiques. Il faut éviter les projets enclavés, qu’il est toujours possible de construire à grand prix, mais qui, livrés à un environnement local sans changement peuvent rapidement être détruits.
Pour Serge Michailof , cette reconstruction possible. Il cite l’exemple de l’Afghanistan où la police du pays est très corrompue, mais où le ministère des finances est une administration efficace.
L’aide doit être efficace. Il est possible d’apporter les recettes d’un développement durable, par la formation, l’échange d’expériences. C’est ainsi qu’il a été possible de mettre en place à Madagascar, une exploitation durable des crevettes. Il est possible, sans mettre sous cloches, d’inciter à une gestion durable de la forêt. L’allongement des concessions, outre qu’il réduit les possibilités de corruption, oblige les bénéficiaires à mettre en place une gestion de long terme.
Il est donc nécessaire que dans le cadre du G20, présidée en 2011 par la France, les pays les plus développés inscrivent dans l’agenda mondial des dossiers comme le changement climatique, la santé, les forêts, les ressources halieutiques, pour que l’aide publique prennent en compte les besoins sociaux et les urgences environnementales.
Sur le G 20: http://www.g20.org/index.aspx
Sur l’Institut Aspen: http://www.aspeninstitute.org/
Sur l’INstitut Aspen France www.aspenfrance.org
Notre Maison brule au Sud : que peut-on faire pour le développement ?, Serge Michailof
Serge Michailof, enseignant à l’IEP de paris, conseil international a été directeur des opérations à la Banque Mondiale, directeur exécutif chargé des opérations de l’Agence Française de développement, et vice-président de Proparco.