Les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles sont de plus en plus présents dans les foyers pour leurs vertus « assainissantes » ou encore « épuratrices » d’air. Or selon une nouvelle étude de l’Anses, ces produits peuvent avoir des effets indésirables en conditions normales d’utilisation, notamment des symptômes irritatifs des yeux, de la gorge et du nez, des effets respiratoires et émettre des composés organiques volatils qui peuvent constituer une source de pollution de l’air intérieur.
Suite à son expertise relative aux techniques émergentes d’épuration de l’air intérieur, l’Anses a été saisie par la Direction générale de la santé et la Direction générale de la prévention des risques en vue d’analyser les cas d’intoxication avec des sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles signalés aux centres antipoison (CAP) et de réaliser une revue bibliographique scientifique sur l’impact sanitaire de ces produits et de leurs potentiels effets néfastes sur la santé.
Cas d’irritations
Certains cas révèlent des symptômes irritatifs des yeux, des voies aériennes supérieures (bouche, nez, gorge, larynx et trachée), ainsi que des symptômes de toux et de difficultés respiratoires. Ces irritations peuvent être liées à des huiles essentielles riches en phénols ou en cétones, irritantes pour les voies respiratoires et inadaptées à l’inhalation ou à leurs diffusions par le biais d’un spray ou d’un diffuseur. Ces symptômes sont en grande majorité de faible gravité et régressent rapidement après arrêt de l’exposition.
Émissions de composés organiques volatils réactifs et irritants
D’après les données disponibles, les sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles émettent dans l’air différents composés organiques volatils (COV). Certains d’entre eux, même s’ils sont d’origine naturelle, peuvent présenter des propriétés irritantes ou sensibilisantes.
De plus, certains des COV émis sont susceptibles de s’oxyder, notamment avec l’ozone présent naturellement dans l’air, et ainsi de constituer une source de pollution de l’air intérieur qui vient s’ajouter aux COV déjà présents dans l’air intérieur et provenant d’autres sources, telles que les éléments de mobilier et de construction, l’utilisation de produits d’entretien ou encore de produits cosmétiques.
Actuellement, les études disponibles sont insuffisantes pour permettre de documenter de façon exhaustive le spectre des substances émises à partir de tels produits. Davantage d’études sont nécessaires pour mieux caractériser les émissions à long terme de composés organiques, ainsi que la formation secondaire d’autres composés suite à des phénomènes d’oxydation dans l’air.
Recommandations de l’Anses
- Conserver les produits hors de portée des enfants : Outre les cas de symptômes irritatifs et d’effets respiratoires en condition normale d’utilisation, l’étude de toxicovigilance a montré que de nombreux cas d’intoxication étaient liés à des circonstances d’exposition accidentelles qui concernaient le plus souvent de jeunes enfants, ceux-ci étant plus susceptibles de porter des produits à la bouche ou de manipuler des produits qui ne leur sont pas destinés. L’Anses recommande que les sprays ou diffuseurs ainsi que les flacons à base d’huiles essentielles restent hors de portée des jeunes enfants, au même titre que les produits détergents ou les médicaments.
- Mieux informer les consommateurs sur les précautions d’utilisation pour limiter les risques, en particulier les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques telles que l’asthme, en raison des substances irritantes potentiellement émises par ces produits.
- Signalements des cas par les professionnels de santé aux CAP ou via le portail de signalement des évènements sanitaires indésirables.
- Limiter les sources de polluants intérieurs et bien aérer les espaces clos
- Acquérir davantage de connaissances pour mieux caractériser les potentiels effets néfastes sur la santé : il existe en effet peu de données dans la littérature scientifique concernant les effets sur la santé des sprays et diffuseurs à base d’huiles essentielles et leurs résultats restent insuffisants pour tirer des conclusions sans équivoque. Cette incertitude appelle à la vigilance, quant à des effets respiratoires ou cutanés en particulier.
L’Anses insiste donc sur la nécessité d’engager de nouvelles études indépendantes sur les huiles essentielles utilisées seules et en mélange afin de mieux caractériser les potentiels effets néfastes sur la santé, à court et à long terme.