Face au changement climatique une approche globale, collective, et cohérente doit être mise en place par les territoires, estime le rapport des juridictions financières critique sur s la dispersion des actions menées jusqu’à présent.
Le constat du rapport de la Cour des Comptes et de juridictions financières régionales est clair. » La planification écologique de l’État, peu opérationnelle pour le secteur touristique en montagne, ne permet pas d’impulser une réelle dynamique de changement. Il en est de même des régions, qui ne souhaitent pas orienter les choix locaux, en dépit de leurs compétences en matière de planification touristique ». La planification de l’Etat et les aides des régions orientent en fait les investissements et les stratégies de renforcement de la production de neiges sans tenir compte des perspectives du changement climatique. C’est en particulier le cas dans les Alpes, pour la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Alpes du Nord, où se concentrent les stations les plus ouvertes sur le marché international du ski. Les politiques d’adaptation restent en deçà des enjeux. Avec une » gouvernance centrée sur l’échelon communal et des regroupements insuffisants, l’organisation actuelle ne permet pas aux acteurs de la montagne de s’adapter aux réalités du changement climatique à l’échelle d’un territoire pertinent. »
Un modèle à repenser totalement
Pourtant les financements publics perçus par les opérateurs des remontées mécaniques sont importants. Pour les opérateurs dont le chiffre d’affaires annuel est inférieur à 15 M€, les financements publics sont estimés à 124 M€ par an. Pour les stations réalisant moins de 10 M€ de chiffre d’affaires, le montant des soutiens publics est de 87 M€ soit 28 % du chiffre d’affaires des stations concernée. » À défaut de repenser fondamentalement le modèle économique, le niveau de subventionnement public ne pourra que s’alourdir compte tenu des projections climatiques en enfermant les collectivités dans un sentier de dépendance au ski, les privant des marges de manœuvre pour développer un tourisme « quatre saisons ».
Un subventionnement public significatif et croissant de la dépense publique en fonction de la réalité climatique et économique de chaque territoire doit être envisagée. L’Institut d’économie pour le climat a estimé à 91,7 M€ par an le coût de l’adaptation au changement climatique en France. Ce chiffre, qui ne couvre que les premières mesures, ne répond pas à l’intégralité du besoin s’agissant d’une pleine et entière transition du modèle économique des stations vers l’adaptation au changement climatique
Fédérer les acteurs
Comme d’autres grands pays du ski, estime le rapport, la France aurait tout intérêt à promouvoir une organisation fédérant l’ensemble des acteurs autour de projets de territoires. De » véritables » plans d’adaptation au changement climatique doivent être mis en place. Le soutien des finances publics doit être conditionné au contenu de ces plans . Il faut permettre l’adaptation » dans une approche non concurrentielle, les très fortes inégalités entre stations et le montant important des fonds publics déjà mobilisés justifieraient la mise en place d’une solidarité financière entre collectivités . »
Le rapport présente plusieurs recommandations:
- Création d’un observatoire national regroupant toutes les données de vulnérabilité en montagne accessibles à tous les acteurs locaux(ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires).
- Evolution du cadre normatif afin que les autorisations de prélèvements d’eau destinés à la production de neige en tenant comptes des prospectives climatiques.
- Formaliser des plans d’adaptation au changement climatique, déclinant les plans de massifs prévus par la loi Climat et résilience; .
- Conditionner tout soutien public à l’investissement en stations au contenu des plans d’adaptation au changement climatique;
- Mise en place une gouvernance des stations de montagne ne relevant plus du seul échelon communal;
6 Mise en place d’un fonds d’adaptation au changement climatique destiné à financer les actions de diversification et de déconstruction des installations obsolètes, alimenté par le produit de la taxe sur les remontées mécaniques.