Le changement climatique est une réalité en montagne, y compris dans les stations de sports d’hiver. Enviscope a réalisé à mi-décembre un tour d’horizon de la situation et de ses répercussions au niveau des travailleuses et travailleurs de la neige, en interrogeant des représentantes et représentants du CGT des Remontées mécaniques, au plus près de pistes. Premier constat, le changement climatique a perturbe le début de saison, avec une alternance des précipitations de neige et de pluie qui rince le manteau neigeux.
Le changement climatique en montagne est un phénomène complexe qui a bien bouleversé le rythme des saisons. Il y a quelques décennies l’enneigement venait régulièrement. Les premiers flocons tombaient début novembre, puis le froid s’intensifiait de semaine en semaine. Le manteau blanc s’épaississait pendant l’hiver pour être solidement installé et fondre régulièrement avec les beaux jours tard au printemps.
Depuis quelques années, les premiers flocons arrivent plus tardivement. Courant novembre, sur les stations des Alpes du nord, de La Plagne à Flaine en passant par Courchevel et les Ménuires, il est bien tombé de la neige, comme à la Rosière. Deux séries de précipitations neigeuses ont installé une belle épaisse couche de poudreuse.
Mais les mouvements de yoyo du thermomètre ont à plusieurs reprises apporté de la pluie. L’isotherme zéro degré s’est promené de 1100 à 2600 mètres d’altitude. Son mouvement a laissé la pluie remplacer la neige. Ici ou là, il a plu à plus de 2000 mètres, voire à 2600 mètres . Une pluie abondante est tombée pendant plusieurs jours. » La pluie a rincé la neige » explique Christophe Dupuy, pisteur à la Plagne, délégué du syndicat CGT des Transports et Remontées Mécaniques. En quelques jours la pluie a lessivé 40 centimètres de neige. Le manteau blanc est passé de 150 cm à 110 cm dans les meilleurs endroits. Mais, là où ‘il n’y avait que quarante centimètres de neige, l’herbe est réapparue. Les secteurs déjà damés ont été un peu protégés, la pluie y produisant moins d’impacts négatifs. Une nouvelle neige reviendra couvrir le manteau installé, avec l’espoir d’une meilleure résistance.
Effet de serre
En plus des effets de la pluie, le couvert nuageux formé par des masses d’air humide a empêché l’énergie des infra-rouge venant du Soleil de s’échapper de l’atmosphère terrestre. Des températures sont demeurées élevées. L’effet de serre a joué. La neige a continué à fondre. Il a fallu que le ciel se dégage, redevienne bleu pour que, bien que le soleil brille en journée, les nuits redevenant froides, la neige durcisse et cesse de fondre.
Au bout de ces dernières semaines, pour les stations les plus hautes en altitude, la situation est encore supportable. Mais les stations les plus basses, la situation est difficile. C’est le cas dans les stations du Massif Central, en Chartreuse, Belledonne , dans le Jura. Pour les stations de Grand Massif Domaine Skiable, Flaine ( GMDS) s’en sort, mieux que les stations de Sixt, Samoëns, Morillon de l’Espace Grand Massif Domaine Skiable ( GMDS) pour lesquelles la situation est difficile. Les stations exposées sur les versants sud, souffrent davantage que la station bien orientée au nord.
C’est tout une gestion de la neige qui doit être modifiée. La production de neige artificielle s’impose, avec sa consommation d’eau et d’énergie. L’impact environnement devient plus lourd. Les couts d’entretien, de main d’oeuvre, de matériels, énergie, eau, s’accroissent. Une facture que de nombreuses stations ont de plus en plus de mal à supporter.