Alors que les stations de sport d’hiver attendent des centaines de milliers de touristes, un étude révèle que le parc immobilier des stations comporte proportionnellement plus de deux fois plus de » passoires thermiques » que le parc national de logements. Alors que les stations sont confrontées à la double problématique du manque de neige et de la hausse du coût de l’énergie, heero, société spécialisée dans la rénovation énergétique a établi le classement catastrophique de 70 stations de ski en fonction de la performance énergétique de leurs logements.
« Aujourd’hui beaucoup de stations construites dans les années 70 se retrouvent donc confrontées à la nécessité d’entretenir, voire de rénover massivement, leur parc de logements devenu vieillissant sous peine de ne plus pouvoir le louer » annonce Romain Villain, dirigeant de la société Heero. Heero, fintech est spécialisée dans l’accompagnement à la rénovation énergétique et l’analyse des données de territoire . Elle a étudié la performance énergétique des logements dans 70 stations de skis des Alpes, du Massif central, des Vosges, du Jura et des Pyrénées.
Dans 30 stations sur 70, plus de la moitié des logements sont des passoires énergétiques, avec des écarts élevés selon les massifs et les stations : la part des logements énergivores va ainsi de 15 % à Bellefontaine dans le massif du Jura, station la plus économe du classement, à 90 % de logements considérés comme des passoires énergétiques à Isola 2000 ( Alpes Maritimes) dans les Alpes du Sud.
Un état plus dégradé que le reste du parc de logements
Près de 50 % de logements considérés comme des passoires énergétiques, contre 16,9 % en moyenne nationale – et jusqu’à 90 % dans certaines d’entre elles – la plupart des stations seront touchées de plein fouet par l’interdiction de louer dès 2023 mais surtout en 2028. Etat des lieux de la situation.
« Les stations de ski les plus énergivores, celles qui comptent plus de la moitié de passoires énergétiques au sein de leur parc de logements, se situent majoritairement dans les Pyrénées et les Alpes, alors qu’au contraire celles qui ont la plus faible part de logements F ou G, inférieure à un tiers du parc, se trouvent plutôt dans les Vosges, le Jura et le Massif central. Plusieurs facteurs sont en cause : l’altitude, la zone géographique, l’âge de construction des bâtiments, avec un impact écologique et économique à prévoir dans les années à venir très différent selon les stations et les massifs » analyse Romain Villain, directeur général de heero.
Les stations de skis françaises dans les Alpes et les Pyrénées ont commencé à émerger dès les années 20, notamment la station de Megève dans les Alpes ou Barèges et la Mongie dans les Pyrénées, puis dans les années 45. Courchevel 1850 est la première station d’altitude construite sur un site vierge en 1946. Le grand développement des stations s’est effectué dans les années 60-70 avec le plan Neige lancé par l’Etat, et la construction de stations toujours plus élevées en altitude – comme la Plagne, les Menuires, les Arcs – composées majoritairement d’appartements dans des résidences construites rapidement, avant la première règlementation thermique. Ces logements à l’isolation parfois insuffisante, dotés de chauffage pas toujours performants sont exposés évidemment surtout en saison hivernale à des températures très basses
Ce n’est qu’à partir de 1974, après le premier choc pétrolier, que la première règlementation thermique a fixé l’objectif de réduire de 25 % la consommation énergétique des bâtiments neufs. Elle a imposé de limiter les déperditions de chaleur, en imposant la mise en place d’une fine couche d’isolation thermique et l’installation de thermostat de chauffages.
C’est à partir des années 80 qu’on commence à construire des stations plus basses, mieux intégrées dans le paysage avec des chalets divisés en appartements, souvent de meilleure qualité, et peu énergivores comparés aux stations de skis des années 70. Mais le parc actuel est le résultats de plusieurs décennies de constructions avec des normes dépassées, le travaux de rénovation n’ayant jamais été entreprise à l’échelle qui aurait été nécessaire.