Malgré une exposition nord favorable la station des Arcs , en Savoie, a investit dans taux d’équipement enneigeurs nécessaire pour couvrir 41 % du domaine skiable, plus que la moyenne nationale (32 %). Le modèle économique de la station de Tarentaise dépend fortement d’un enneigement naturel de plus en plus aléatoire. La chambre régionale des comptes d’Auvergne-Rhône-Alpes le rappelle dans un rapport d’observations après contrôle des comptes et de la gestion de la commune de Bourg- Saint- Maurice, contrôle dans le cadre d’une enquête des juridictions financières relative aux acteurs locaux du tourisme hivernal face au changement climatique.
La Commune de Bourg Saint Maurice – les Arcs se situe (Savoie) dans la vallée de l’Isère , dite vallée de la Tarentaise, à 50 kilomètres d’Albertville. Avec environ 7 200 habitants permanents, 5 000 emplois et 41 000 lits touristiques, elle constitue un pôle urbain, économique et touristique important de la région. commerces, services, activités et équipements publics. Le centre-bourg a une activité annuelle tandis que les stations des Arcs forme quatre pôles saisonniers urbains indépendants à des altitudes différentes : Arc 1600, Arc 1800, Arc 1950 et Arc 2000.
La création des Arcs dans les années soixante a été le cadre des expérimentations urbaines et architecturales des premières stations « intégrées » réunissant remontées mécaniques, locations de matériel, commerces, hôtels, restaurants, résidences. Classée parmi les « très grandes stations françaises » la station a un domaine skiable qui s’étend sur plus de 180 km de pistes. Il est relié depuis 2003 au domaine de La Plagne par le téléphérique Vanoise Express, constituant ainsi le domaine Paradiski.
Un modèle dépendant de la neige
La Commune de Bourg Saint Maurice – les Arcs a conservé la maîtrise de sa stratégie touristique. Elle a délégué depuis 1990 jusqu’en 2030, son domaine skiable à la société Arcs Domaine Skiable (ADS), filiale de la Compagnie des Alpes. Le modèle économique pour les acteurs publics comme pour les acteurs économiques reste très dépendant de la neige. La saison hivernale représente 80 % des nuitées et plus de 95 % du chiffre d’affaires de l’exploitant des remontées mécaniques, la société ADS dont le chiffre d’affaires a atteint 57,49 M€ en 2022, plus 11,4 % par rapport à 2018.
Selon les études scientifiques récentes, l’exposition de la station au changement climatique à moyen terme est relativement faible. La viabilité du modèle d’exploitation ne semble pas menacée au moins jusqu’en 2050. La commune pourrait davantage tirer parti de cette situation en introduisant au contrat de délégation des dispositions financières plus favorables. Des équipements et d’activités diversifiés permettent une fréquentation touristique tout au long de l’année. » Mais leur impact financier est mal connu par la commune. La chambre l’invite à mieux évaluer l’équilibre financier des équipements quatre saisons qu’elle a confiée à l’office de tourisme et à l’exploitant du domaine skiable. » souligne la Chambre régionale des Comptes.
Mieux planifier les investissements
Les recettes de fonctionnement de la commune dépendent à 50 % du tourisme, donc, pour l’essentiel, du domaine skiable. Sur la période contrôlée, le dynamisme de ces ressources a permis d’absorber la hausse des charges tout en renforçant la capacité d’autofinancement de la
collectivité. » L’endettement consolidé, bien qu’en hausse significative sur la période contrôlée, est maîtrisé. Cependant, le poids de la dette supporté par le budget annexe des remontées mécaniques, dû aux travaux concernant le funiculaire, devrait amoindrir les marges de manœuvre de la commune pour continuer à investir alors que ses besoins sont importants compte-tenu de son statut de commune touristique. » La chambre recommande à la commune de mieux planifier ses investissements.
Consciente des enjeux, l’équipe municipale élue en 2020 a établi une feuille de route « Les Arcs 2030 ». Ce document permet de partager avec le délégataire des objectifs : réduction de la consommation de ressources et d’énergie, de la production de déchets, préservation des paysages, mobilités douces. Cette feuille de route est » cependant restée au stade des intentions politiques » constate la Chambre des Comptes. » » La commune doit maintenant s’attacher à concrétiser son projet dans le contrat de délégation, notamment en définissant la programmation pluriannuelle des investissements revenant au délégataire sur la durée résiduelle du contrat. » souligne la juridiction financière.
Enfin, dans le cadre de la révision du PLU, la commune finalise un projet de territoire permettant une stratégie à horizon 2050 pour répondre aux défis du changement climatique. L’objectif est » la définition d’un territoire unifié pour une vie à l’année de qualité et des mobilités revisitées pour assurer une meilleure connectivité. » La typologie du parc d’hébergement et sa rénovation demeure une des principales préoccupations alors que la proportion de lits froids s’est maintenue autour d’un tiers du parc et qu’un moratoire sur la construction de nouveaux lits touristiques a été instauré par la commune depuis 2020. La commune devra donc , insistent les magistrats des comptes, « être vigilante dans le choix de ses projets d’investissements afin d’être en adéquation avec le schéma de cohérence territoriale (SCoT), la réalité du territoire, la mise en œuvre des politiques publiques et les principes de la loi climat. »
La rapport émet deux recommandations :
Recommandation n°1 : Instaurer par avenant au contrat de délégation de service public un taux progressif de la redevance d’exploitation du domaine skiable, en fonction des paliers du chiffre d’affaires de l’exploitant.
Recommandation n°2 : Finaliser une programmation pluriannuelle des investissements soutenable financièrement en incluant l’ensemble des budgets et en chiffrant les projets et la présenter chaque année au conseil municipal