L’équipement de la montagne doit être stoppé, car les atteintes à l’environnement, aux ressources, entrainées par les travaux, comme le fonctionnement hivernal en montagne, mobilité, énergie des installations, activités, a des impacts carbone négatif. La pratique de la montagne en hiver doit s’adapter à une évolution de la montagne imposée par le changement climatique. Les pratiques hivernales doivent se rapprocher des pratiques sobres de la montagne en belle saison.
Une randonnée récente dans le massif des Grandes Rousses, aux confins de la Savoie et de l’Isère, nous a permis de découvrir combien l’aménagement des Alpes avait endommagé la montagne encore ces dernières décennies. Carte IGN en main vieille de 25 ans, que de remontées mécaniques, de télésièges, de canons à neige , avec leur corollaire de pistes, dans le panorama d’aujourd’hui, par rapport au paysage d’au début de notre siècle.
L’appétit de l’industrie du ski est insatiable, comme le montrent des projets soumis pour avis à la Mission régionale Auvergne-Rhône-Alpes de l’Autorité environnementale. Ici, c’est la modification d’un plan d’urbanisme qui est présentée, sans toutes les justifications nécessaires. Ailleurs, c’est l’accroissement de la capacité d’un télécabine pour desservir un glacier en train de fondre. Ailleurs, c’est un dossier pour l’accroissement de la capacité d’une retenue, qui est présenté, sans prise en compte de la ressource en eau, sans inclusion de l’avenir climatique.
Or, l’industrie des sports d’hiver est bien celle qui agresse sur le terrain le plus la montagne, pas seulement sur le plan esthétique, avec des paysages défigurés abandonnés aux amateurs de montagne naturelle à la belle saison.
L’industrie des sports d’hiver malmène un cycle de l’eau dont la fragilité saute aux yeux. Elle déploie, pour une minorité de clients solvables, toute une gamme d’activités énergivores. Certes le ski en lui-même ne représente qu’une petite partie de la dépense énergétique d’un touriste hivernal. Mais l’industrie des sports d’hiver a su créer une gamme entière de loisirs mécaniques énergivoraces pour satisfaire des envies de vitesse, de glisse, de sensations, qui ne considèrent la montagne que comme un terrain de jeux apte a créer des sensations artificielles. En plein air ( out door comme on dit) ou en intérieur ( in door, c’est mieux) c’est une débauche d’énergie qui est mobilisée pour une offre proposée en saison froide avec le plus grand confort.
De même, les dépenses non liées aux activités, représentent un quart de la consommation énergétique d’un skieur: résider en altitude en hiver, cela dépense plus d’énergie qu’en ville. Et surtout, les deux tiers des émissions carbone des activités hivernales en montagne, sont représentées par le transport en voitures individuelles, de pratiquants qui convergent vers les stations au prix d’une dépense énergétique considérable.
L’industrie du ski doit, pour apporter une contribution à l’atténuation du changement climatique, agir rapidement pour le déploiement de solutions de transport collectif, combinant le train et des autocars. Il faut évidemment pour suivre et accentuer ces changements, un tableau de bord des émissions carbone de ce secteur économique de poids, afin de lui permettre une évolution réaliste.
michel.deprost@enviscope.com