1 – PRINCIPES DE LA PROTECTION/PRESERVATION CHIMIQUE ET THERMIQUE DU BOIS
1.1 – Généralités
Le bois est un composé organique hétérogène, dont les propriétés sont instables. Sa protection englobe toutes les mesures propres à prolonger sa durée de vie ou à en prévenir les pertes de qualité. Font partie intégrante de ces mesures le traitement fongicide insecticide (EN 599, NF B-50 100 et suivantes, EX 335, EN 350 etc.), l’entreposage correct en cours de façonnage, l’application conforme aux normes spécifiques de la construction (DTU 31.2, 41.2, EC 5, etc.), l’utilisation de produits de protection là où les mesures habituelles ne peuvent pas offrir une sécurité suffisante et finalement le traitement architectural de bon sens.
En effet qu’il nous soit permis de rappeler quelques principes de base liés à la construction avec le bois. Il n’existe que très peu de produits miracles, que cela concerne les produits de protection ou de préservation. Le matériau bois impose que le raisonnement et les critères de choix techniques et architecturaux reposent sur des systèmes (choix d’une essence et en fonction choix de techniques et choix de produits , choix de la mise en œuvre, de l’entretien,….) lors de la prescription du bois. Il est important de ne pas confondre et donc d’être précis quant à la terminologie autour des mots, traitement, traitement architectural, traitement fongicide Insecticide, finition, protection, préservation,…
Préservation à long terme
Nous ne traiterons ici que de la préservation des ouvrages en bois: par préservation nous entendons conservation à long terme des bois par rapport à protection qui elle pourra être temporaire et de nature multiple : bâchage, finition, avant-toit, etc. .
Du point de vue économique, une mesure de préservation du bois est justifiée lorsque le rapport entre les coûts investis à cet effet et la valeur du bois est plus petit que celui engendré par la prolongation relative de la durée de vie de l’ouvrage au travers de réparations répétitives et de remplacements. D’un point de vue durabilité, il faut tenir compte, en plus de l’aspect économique, des aspects environnementaux (Analyse du Cycle de Vie) et sociaux.
2 – CONNAISSANCE DU MATERIAU BOIS
Parmi les matériaux utilisés dans la construction, le bois est le seul qui soit régulièrement et naturellement renouvelable. Il provient d’une véritable usine biologique constituée d’innombrables essences, la forêt. Chaque année ces essences fournissent la matière ligneuse. Les cellules qui la constituent naissent dans l’arbre sous l’écorce et forment un tissu appelé « Bois secondaire », matière organique particulièrement complexe. En effet, ces cellules qui ont des destinées bien spécifiques, conduction, nutrition, sécrétion, etc. s’organisent différemment d’une espèce à l’autre. Leur nombre , leur aspect, leur répartition varient selon les essences et contribuent ainsi à la constitution du plan ligneux spécifique à chaque essence. L’identité de l’organisation cellulaire d’une espèce ne concerne pas uniquement sa structure anatomique utile lors des déterminations, mais permet à l’utilisateur de déduire des propriétés d’une essence donnée : propriétés physiques, mécaniques (retrait), imprégnabilité, résistance aux agressions biologiques,…
Enfin, pour simplifier, si les plans ligneux sont tous différents, les constitutions chimiques le sont également et entraînent donc un comportement variable des essences vis à vis de leur environnement.
2.1 – Qu’est-ce que le bois ?
Le bois : matière compacte et ligneuse, plus ou moins dure, composant le tronc, les racines et les branches des arbres, recouverte de l’écorce et qui transmet la sève.(Larousse). C’est un ensemble de tissus d’origine secondaire, à parois lignifiées, résultant du fonctionnement vers l’intérieur de l’assise génératrice cambiale (Ph Guinier, botaniste du 20ème Siècle).
Rappelons que la cellule est l’unité biologique des êtres vivants ; elle naît par division d’une autre cellule, vit et meurt ; le bois est constitué de cellules de formes diverses avec des parois de différentes épaisseurs et agencées de différentes façons. La cellule comporte une membrane plus ou moins épaisse qui entoure une cavité : la lumière. La membrane comporte des ponctuations.
A l’origine, la cellule du bois est constituée de cellulose (membrane primaire), puis au cœur de sa maturation elle acquiert de la lignine et l’ensemble, avec le temps, devient membrane secondaire.
Le bois est une matière organisée, formé par la juxtaposition de cellules. Celles-ci naissent de divisions multiples se produisant dans les méristèmes, parties actives du
végétal qui assurent sa croissance indéfinie. L’un de ces méristèmes assure son
épaississement, c’est l’assise cambiale. Le fonctionnement du cambium n’est pas
régulier et sous nos climats tempérés, la production de bois manifeste une périodicité
(bois de printemps cambium actif).
Le fonctionnement du cambium est permis grâce au transport de la sève élaborée à partir du glucose formé dans les feuilles. Dans cette zone, le glucose donne naissance à de longues chaînes d’hydrates de carbone qui forment la cellulose. Les cellules ainsi édifiées acquièrent le second constituant principal qui est la lignine. C’est alors qu’elles se multiplient.
Le résineux est le nom couramment donné aux arbres de l’ordre des conifères, en raison de la présence chez un grand nombre d’entre eux, de cellules ou de canaux
résinifères.
Le feuillu est le nom couramment donné aux arbres du groupe des dicotylédones en raison de leurs feuilles plates à nervation ramifiée.
Les cernes annuels nouvellement formés sous le cambium vont constituer un premier tissu appelé aubier de largeur variable selon les espèces, ce tissu est clair, peu dense et perméable ; c’est un tissu nutritif qui contient des substances de réserves (amidon). Par la suite, va se former un nouveau tissu à partir des cernes les plus anciens, c’est le bois parfait ; la transformation de la structure et de la composition chimique du bois prend corps. Quand le bois parfait se différencie bien de l’aubier (coloration plus foncée) on parle de bois parfait duraminisé, ce tissu est dense et non imprégnable, il est en général résistant aux agents biologiques.
2 – Constitution chimique du bois
Globalement, le bois est constitué des matières organiques suivantes : 50% de carbone, 43 % d’oxygène. 6% d’hydrogène et 1% d’azote. La paroi comporte aussi de l’eau : eau de constitution (liaisons chimiques), eau libre (vides cellulaires) et eau liée (eau de saturation imprégnant les membranes). Les éléments de base sont présents dans les différentes couches de la paroi cellulaire sous forme de plusieurs composés en différentes proportions :
– La cellulose : c’est un polymère de glucose. La cellule en contient 40 à 50%.
– Les hémicelluloses : ce sont des hydrates de carbone constitués à partir de sucres autres que le glucose. La cellule en contient environ 20%. Les bois feuillus en contiennent plus que les résineux.
– La lignine : c’est un composé aromatique très polymérisé. La cellule peut en contenir 25 à 30%. Elle est présente en plus grande quantité chez les résineux.
L’équilibre hygroscopique du bois, c’est le taux d’humidité vers lequel tend le bois lorsqu’il est placé dans des conditions de température et d’humidité relative de l’air bien déterminées. Par exemple, pour une température de 10 °C dans une humidité relative de l’air à 80%, le bois se trouve à une humidité de 17%
.3 – Structure anatomique et imprégnabilité
La notion d’ imprégnabilité est très importante dans la mesure où elle intervient dans les traitements chimiques du bois rendus nécessaires par la faible durabilité de l’essence utilisée ou son exposition très sévère. Le bois est capable d’absorber l’eau par simple capillarité tout particulièrement dans le sens axial (anisotropie du bois) et dans une moindre mesure, grâce aux ponctuations dans les autres sens. La capacité d’absorption des essences est variable et dépend de facteurs inhérents à l’état biologique
Les aubiers différenciés sont très perméables permettant ainsi de compenser le
caractère périssable par la possibilité d’imprégnation totale.
Les bois parfaits non duraminisés présentent d’importantes variations dans leur capacité d’absorption. Les duramens distincts sont inimprégnables (fermeture des ponctuations, obturation des canaux résinifères, etc.)
Dans un bois sec (il n’y a plus d’eau dans les lumières des cellules), c’est à dire à un taux inférieur à 25%, la circulation des liquides fait intervenir les voies structurelles du bois et la migration par capillarité. La rétention totale d’un bois imprégnable n’est jamais observée, les vides cellulaires n’étant pas tous accessibles.
La Norme EN 350-2 définit 4 classes d’ imprégnabilité : 1 : imprégnable ; 2 : moyennement imprégnable ; 3 : peu imprégnable ; 4 : non imprégnable.
Ainsi l’épicéa est classé en 4 et le sapin en classe 3 (pas de canaux résinifères, plus de ponctuations,..) Le hêtre est classé en 1 : cette essence a de nombreuses grosses ponctuations et les vaisseaux ne sont pas obturés par des thylles.
DURABILITE .
Le bois est biodégradable de par sa nature et donc susceptible de dégradations de la part d’agents biologiques comme les insectes xylophages et les champignons lignivores . Chaque essence a sa résistance propre selon l’agent biologique. La durabilité naturelle est une notion complexe que l’on ne peut séparer de l’emploi du bois, chaque essence possédant sa propre durabilité naturelle …
C’est au milieu du 20eme siècle que l’essor du développement de l’industrie de la préservation a fait mettre en retrait la notion d’essences durables, en conférant à des essences non durables âne résistance au moins égale à celle des essences durables.
L’inverse tend à se produire actuellement alors que l’aspect de la Qualité Environnementale, de la Santé Environnement, de la gestion durable…de l’utilisation de matériaux de construction écologiques remet à l’ordre du jour l’utilisation d’essences naturellement durables malgré des coûts (environnementaux compris) parfois plus élevés que celui d’un traitement de préservation classique.
3.1 – Agents biologiques habituellement rencontrés
-Les champignons lignivores :
La pourriture cubique (dont la Mérule)
La pourriture molle
Insectes nidificateurs :
Les termites :souterrains,de bois sec, arboricoles
La pourriture fibreuse
– Les insectes xylophages : (coléoptères) : Capricorne des maisons .
– Petites et grosses vrillettes
– Lyctus
– Les ténébrants marins : mollusques, crustacés
3.2 Facteurs affectant la durabilité naturelle du bois
Protection physique
– Dureté du bois (ténébrants marins, termites,..).
Hydrophobie (champignons).
Comestibilité du bois
Le bois contient des substances favorables à la nutrition de certains agents biologiques.
– La cellulose : insectes et certains champignons.
– L’amidon : champignons de discoloration (bleu) et larves de lyctus.
Protection anatomique
La structure même de certains éléments du plan ligneux empêche l’attaque d’agents biologiques.
– Vaisseaux trop petits pour permettre à la femelle lyctus de pondre ses œufs.
– Ponctuations petites ou fermées.
Extraits toxiques, biocides
– Polyphénols (duramen du pin,chêne, douglas).
– Terpénoïdes (pin, teck,..).
– Tropolones (cyprès et cèdre).
– Tanins (châtaignier, chêne, merisier, séquoia,.. ).
L’idée d’imprégner le bois non durable par des extraits de tanin existe mais est techniquement et économiquement difficile.
Les classes de durabilité naturelle vis à vis des insectes et des champignons sont explicités par la norme NF EN 350 et suivantes
4 – LES CLASSES DE RISQUES ET MISE EN ŒUVRE DES PRODUITS DE
PRESERVATION
4.1 – Les classes de risques
Les normes NF EN 335 et suivantes définissent 5 classes de risque. Elles correspondent aux différentes situations en service dans le bâti ou à des emplois pour lesquels le bois est exposé à des risques d’attaques biologiques.
Classe de risque 1
Le risque est l’insecte xylophage, dans la situation où le bois est sous abri, non exposé aux intempéries ou autres humidifications (ex : meubles)
Classe de risque 2
Les risques sont les insectes à larves xylophages, les champignons (moisissures, discolorations,..) dans la situation où le bois est sous abri mais avec une possibilité d’humidification occasionnelle (ex : les charpentes et ossatures bois abritées..).
Classe de risque 3
Les risques sont les insectes à larves xylophages, les moisissures mais aussi les champignons lignivores dans la situation où le bois n’est pas abrité, hors contact du sol (ex :bardage vertical bois,..)
Classe de risque 4
Les risques sont ceux de la classe de risque 3 avec en plus les champignons de pourriture molle dans la situation ou le bois est exposé en permanence à une humidification supérieure à 20% ou est en contact avec le sol ou avec l’eau douce)
Classe de risque 5
Les risques sont ceux de la classe de risque 4 en rajoutant le risque térébrants marins dans la situation où le bois est en permanence exposé à l’eau de mer.
Le risque termite est à prendre en compte dans toutes les classes de risque suivant le positionnement géographique de l’ouvrage. En effet, en France métropolitaine, le risque dû aux termites existe dans les régions où l’on rencontre ces insectes. Il est conseillé de se renseigner auprès de la Préfecture du département ou du CTBÀ. La mairie peut également disposer d’informations sur les sites infestés).
4.2 – Mise en œuvre du traitement de préservation
Tout produit de préservation contient nécessairement trois éléments fondamentaux :
– Un véhicule ou solvant.
– Des matières actives pour conférer l’efficacité biologique.
– Des principes de fixation pour maintenir le produit pendant la durée de vie de
l’ouvrage.
a) Véhicule ou solvant
Son rôle est de transporter les matières actives dans le bois, de les y déposer et de s’évaporer ensuite par séchage naturel. On utilise deux types de solvants :
– Les solvants pétroliers de type white spirit permettent de solubiliser la plupart des
substances de synthèse et présentent un bon pouvoir de pénétration et de diffusion
dans le bois sec. On distingue les solvants légers à évaporation rapide et les lourds
et gras qui offrent un bon pouvoir de diffusion mais un séchage lent, une odeur,
des risques de taches, des problèmes de collage,..
– L’eau qui permet de solubiliser les sels minéraux ainsi que des sels organiques.
L’eau permet également de mettre en émulsion des substances de synthèse non
solubles dans l’eau.
b) Matières actives pour conférer l’efficacité biologique
Ce sont des pesticides qui doivent présenter une efficacité fongicide et/ou insecticide vis a vis des agents d’altération concernés.
Une molécule unique peut parfois répondre à l’ensemble des besoins correspondant à une classe de risque. On associera en général plusieurs molécules, chacune d’elles apportant une protection ciblée dans son domaine spécifique, fongicide, insecticide, anti-termite.
On distingue :
– Substances minérales organiques (sels ou oxydes métalliques) à base de :
– cuivre,
– fluor,
– bore,
– arsenic.
Substances organiques de synthèse, molécules chimiques plus ou moins complexes, fongicides ou insecticides
– les dérivés de l’étain,TBTO, …
– les pyrétroïdes (cyperméthrine,…)
– les azoles,…
les ammoniums quaternaires,… les carbamates,…
– certains organochlorés, endosulfan,…
– l’aldrine est depuis 1994 interdite, le pentachlorophénol est à usage restreint
(décret n°94-647).
Principes de fixation pour maintenir le produit dans l’ouvrage.
La différence principale globale entre les classes de risques 1,2 et 3,4 est l’aspect delavabilité. Certaines substances, comme par exemple les sels métalliques, sont sensibles à l’évaporation
Il existe deux types principaux de fixation
Fixation par réaction chimique : les sels métalliques complexes se fixent par
oxydoréduction. Le chrome joue le rôle d’élément fixateur du cuivre, de l’arsenic et du
fluor. La fixation des sels CCA (Cuivre, Chrome, Arsenic) est actuellement le meilleur
exemple de fixation.
Fixation par résines : agissant par «collage» des matières actives
Evidemment d’autres types de fixation se développent actuellement, faisant appel à certaines propriétés physico-chimiques : tensio-actifs cationiques, affinité,…
Divers types de matières actives, véhicules et principe de fixation
– Les sels non fixants à base de fluor, bore ou cuivre, utilisés dans l’eau (ne résistent pas au délavage).
– Les produits « organiques » à base de solvants pétroliers, substances actives de
synthèse (perméthrine, lindane) ; la fixation est assurée par l’incorporation de
résines ; ils sont généralement bien pénétrants et très stables.
– Les « émulsions », substances de synthèse non hydrosolubles, de bonne stabilité.
– Les produits « mixtes », relativement récents, associant des composés métalliques (Cuivre, bore, amonium) à des molécules de synthèse, en particulier pour répondre à la classe de risque 2. Des essais sont en cours pour la classe de risque 4.
– La créosote , produit bien connu issue de la distillation de la houille, étant à la fois
véhicule et produit actif au travers de ses nombreuses molécules. La directive
européenne CEE 94/60 en fixe les teneurs maximales en phénols et pyrène
(utilisation pour les traverses de chemin de fer, les poteaux de lignes,…).
5 – LES PROCEDES DE TRAITEMENT
En traitement préventif on retiendra :
5.1 – L’imprégnation périphérique, le trempage. On utilise en général des produits organiques ou émulsion. Les bois sont trempés entre 3 à 10 minutes conférant ainsi un bouclier protecteur sur quelques millimètres en fonction de l’imprégnabilité du bois. On peut aussi badigeonner ou pulvériser ces produits, mais les conditions d’application sont difficiles (accès aux différents parements, etc.)
5.2 – L’imprégnation profonde par autoclave
– On utilise un autoclave associé au procédé Bethell (séchage des bois, vide,
introduction du produit de traitement, arrêt du vide, application d’une pression de 10 à
12 bars pendant 30 à 180 minutes, vidange, vide final, ressuyage/chauffage éventuel)
ainsi qu’à des produits hydrosolubles (sels métalliques) et à la créosote dans certaines
utilisations spécifiques.
Pour simplifier
– Par un traitement par trempage avec des (bons) produits organiques on répond aux classes de risques 1 et 2 (3 avec très grande prudence)
Par un traitement autoclave avec sels métalliques on répond aux classes de risques 3 et 4 (4 et 5 pour certaines essences imprégnables)
6 – LE BOIS TRAITE A HAUTE TEMPERATURE
6.1 – Historique et principe
Dès les temps les plus anciens, l’homme a utilisé intuitivement les propriétés apportées au bois par le traitement avec la température. Le durcissement au feu fut mis en œuvre pour l’élaboration de pieux, pilotis, armes, etc . qui malgré le temps, les intempéries et les xylophages n’ont subi aucune dégradation sur les éléments traités et ont été retrouvés intacts.
Les propriétés exemplaires conférées par ce traitement historique n’ont pas manqué d’attirer l’attention des scientifiques qui ont mené et mènent encore de nombreuses recherches pour expliquer le processus de transformation et rationaliser les procédés d’élaboration.
Le bois traité à haute température est obtenu par un traitement thermique s’effectuant dans une plage de température comprise entre 170 C° et 280 C°, sous atmosphère neutre.
Rappelons que se positionnent entre : 10 et 60°C le séchage naturel du bois
60 et 180°C le séchage artificiel du bois ( à haute température) 180 et 280°C la pyrolyse ménagée (traitement à haute température) 280 et 1100°C la valorisation énergétique du bois (charbon de bois, bois torréfié, combustible gazeux).
C’est l’une des fois ou la physique «remplace» la chimie; il s’agit en effet d’une modification chimique du bois par chauffage en créant notamment des liaisons intermoléculaires (pontages chimiques, réticulation de la matière ligno-cellulosique,..). Cette augmentation du nombre des liaisons stabilise le matériau en réduisant l’anisotropie du bois (liaison hydroxyle OHi). Ces réactions intervenant au cours du traitement thermique du bois permettent d’effectuer un traitement sélectif de certains dérivés ligno-cellulosiques tout en maintenant les principaux constituants structuraux d’origine et de modifier avantageusement ces propriétés physico-chimiques et mécaniques.
ÏÏ se produit :
– une dégradation des hémicelluloses,
– une réticulation des lignines,
– une modification de la structure cristalline de la cellulose.
Parmi les essences traitées aujourd’hui :
– les plus étudiées sont : l’épicéa, le peuplier, les pins (sylvestre, maritime, laricio,
weymouth,etc), les sapins, le douglas et le hêtre,
– d’autres sont à développer : le frêne, le chêne, l’eucalyptus, le bouleau, le châtaignier, le yellow pine, le mélèze et des essences exotiques.
6.2 – Les principales caractéristiques globalement obtenues par un traitement thermique
La stabilité dimensionnelle
Le caractère hydrophobe, lié au phénomène de réticulation au niveau des chaînes macromoléculaires, confère au bois traité à haute température une excellente stabilité dimensionnelle, aussi bien en atmosphère humide qu’immergé dans l’eau, se traduisant par de très faibles effets de retrait ou de gonflement.
L’ hydrophobie, l’oléophilie
Le traitement a pour effet d’éliminer les composants et les sites responsables de l’hygroscopie du bois tout en augmentant sa porosité. L’imprégnabilité est améliorée, favorisant la durabilité (EN 113, peuplier, sapin, pin sylvestre,…).
Homogénéité de la couleur
Le traitement permet d’obtenir une couleur brune (pré-carbonisation) homogène dans la masse. En fonction de l’essence, la nuance de couleur peut être contrôlable suivant les paramètres du traitement.
Faible conductivité thermique et électrique
L’augmentation de la porosité, associée à la faible reprise d’humidité, assure des qualités
d’isolant thermique et électrique avec des coefficients stables quelle que soit l’humidité
ambiante.
Compatibilité avec les résines, vernis, cires
Le traitement modifie les propriétés de surface du bois et améliore sa compatibilité avec les composés organiques, certaines résines ou polymères facilitant les opérations d’imprégnation, collage, fabrication de composites (bois reconstitué) … ainsi que son recouvrement par des produits de surface (vernis, cires,. . .).
c., aux agents biologiques .
Le traitement thermique à haute température a pour effet d’une part de stériliser le bois qui-pourrait être parasité, d’autre part de générer dans la masse des composés inhibiteurs des agents biologiques de dégradation. L’élimination des éléments nutritifs, la faible hygroscopicité associées à une certaine augmentation de la dureté, font du bois traité à haute température un matériau relativement protégé dans la masse contre les insectes et champignons.
Néanmoins à ce jour, il est difficile de justifier dans le contexte réglementaire français actuel que ce nouveau matériau, pour une application donnée (ex:bardages), répond bien aux exigences des classes de risques.
Les traitements thermiques du bois sont certainement une alternative écologique aux traitements chimiques mais une caractérisation (ou justification des performances) officielle et opposable est encore à réaliser. Les stations de traitement thermique génèrent aussi des effluents polluants dont il faut tenir compte dans l’approche environnementale.
Les principales applications visées à court terme sont : les bardages, le mobilier urbain, les menuiseries extérieures et intérieures, le parquet, la décoration, l’ameublement, en association avec des polymères.
CONCLUSION
Dès le début des recherches scientifiques dans le domaine de la protection du bois, un grand nombre de substances et de combinaisons de substances ont été proposées en tant que produits de préservation Le nombre sans cesse croissant de liaisons chimiques a fait ressortir aussi la nécessité de tester les possibilités d’utilisation de substances toujours nouvelles dans la protection du bois.
Un agent idéal devrait satisfaire aux exigences suivantes :
– Actions fongicide et insecticide puissantes, éventuellement effet repoussant
complémentaire.
– Grande profondeur de pénétration dans le bois.
Action de protection de longue durée, c’est à dire haute résistance au lessivage par l’eau et faible volatilité (pour autant qu’un effet gazeux ne soit pas envisagé).
– Innocuité pour le bois même et pour les métaux.
Innocuité pour les hommes et les êtres vivants (et les plantes et denrées alimentaires).
– Prix supportable.
Inodore et incolore, neutre vis-à-vis des couches de finitions (lasures, peintures, etc …). Aucune élévation ou diminution de l’inflammabilité et de l’hygroscopicité du bois traité
– Résistance aux températures.
Décèlement aisé du produit actif dans le bois, par exemple par réponse colorée aux
réactifs appropriés.
Il va sans dire que dans la pratique, un produit de préservation du bois (associé à son système d’application) ne peut guère satisfaire simultanément à toutes ces exigences.
H est évident à la lumière de ce qui précède, que la conception et la réalisation d’un ouvrage auront une importance notoire sur son comportement et sa durée de service.
Contrairement à ce que l’on peut croire, il semble que l’artificiel ne soit pas appelé à résorber progressivement le naturel. L’artificiel lui-même ne cesse de susciter des phénomènes naturels, c’est-à-dire spontanés et imprévisibles. On ne peut pas considérer le naturel comme tout bon et l’artificiel comme tout mauvais et il semble important de rester vigilant et équilibré vis à vis de la réglementation, de la technique et du bon sens.
Gilbert STORTI, Ingénieur – Architecte – Expert bois
BIBLIOGRAPHIE
-Bois : mode d’emploi et préservation CTBA
-Guide de la préservation du bois CTBA
-Fiches signalétiques /dossiers du CTBA et de l’Institut de l’Expertise (Danièle DIROLE,
-Anne Marie PRUVOST, Michel RAYZAL)
-Forum-Formation en Rhône-Alpes – édition 2003