En août 2009, une jeune femelle de Grand-duc était recueillie à Sierne, grièvement blessée. Après plus d’un an au Centre ornithologique de réadaptation l’oiseau, en pleine santé et entraîné à la chasse, retrouvait la liberté au même endroit le 26 octobre dernier. Ses déplacements suivis par les chercheurs de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hepia, http://hepia.hesge.ch ) indiquaient que le Grand-duc s’était établi sur un territoire transfrontalier au pied du mont Salève, se ré acclimatant rapidement à la vie sauvage.
Moins d’un mois après son relâcher, le Grand-duc a été retrouvé mort, victime d’une collision avec un véhicule sur l’A40. Cette fin prématurée montre, selon le département genevois, les impacts négatifs des aménagements humains qui morcellent les habitats naturels en coupant les corridors biologiques. Ces derniers sont des passages empruntés par la faune et la flore, vitaux pour leur survie. Longtemps sous-estimée leur importance est aujourd’hui jugée capitale, en Suisse, comme en France. Leur intégration est un enjeu à l’échelle régionale, notamment dans le cadre du projet d’agglomération franco-valdo-genevois.
Le sort du Grand-duc tué sur l’A 40 confirme les difficultés rencontrées par cette espèce dans la région. Selon une récente étude de l’Université de Berne (www.unibe.ch) la principale population de Grand Duc en Suisse, est localisée dans le Valais. Cette population ne se maintient que grâce à l’immigration régulière de Grands-ducs venus du sud des Alpes.
Les oiseaux nés sur place ont un taux de mortalité très élevé : 9 jeunes sur 10 meurent avant un an. Les obstacles, notamment les câbles électriques à l’origine d’électrocution et les collisions sur les voies de circulation, expliquent cette situation
Des solutions existent comme la construction de passages à faune, l’adaptation des pylônes les plus sensibles et, surtout, la prise en compte de ces tracés dans l’aménagement du territoire. Ces approches sont de plus en plus intégrées aux politiques des pouvoirs publics, y compris à l’échelle régionale. Les constitutions de trames vertes et bleues est prévue en France par la loi Grenelle.