« La montagne bouge, la forêt brûle, aidez-nous à sauver les espaces naturels ! » C’est le sens de l’appel lancé par Jean-Marc peillex, Maire de Saint-Gervais, en Haute-Savoie à l’adresse du Président de la République pour lui demander d’agir contre la surfréquentation de sites.
Monsieur le Président de la République,
Après 17 ans de combat en solitaire, seul contre tous, il a fallu que je m’adresse à vous qui êtes le plus haut personnage de l’Etat et le garant de nos institutions pour qu’enfin le mont-blanc ne soit plus bafoué et souillé.
Vous m’avez entendu. Grâce à vous, il n’aura fallu que quelques mois pour que la paix et le respect règnent à nouveau sur ce sommet mythique et symbolique. La recherche de l’exploit, le business ou les opérations de charity-business n’y ont plus leur place depuis le 1er octobre 2020.
Votre décision, mon combat, ont déplu à quelques-uns qui refusent toujours de convenir que le temps n’est plus à ignorer les conséquences du changement climatique, quelles que furent les positions antérieures, et qui continuent à disserter avec pour seul objectif le maintien du business de la surfréquentation.
Toute cette agitation fébrile, justifiée par ce qui serait l’irrespect, voire même la trahison, de l’un des grands principes de notre république, la liberté, masque en fait la peur de quitter le vieux monde, celui du confort et du profit à tout prix. Il s’agit là du business de la liberté !
Monsieur le Président de la République, n’écoutez pas ces tribuns qui n’ont rien à proposer et qui veulent simplement préserver leurs privilèges et leurs intérêts mercantiles. Ils sont à l’envers de l’histoire et de l’avenir.
Monsieur le Président de la République, n’écoutez pas non plus les discours des lobbies de l’environnement qui veulent continuer à imposer leur diktat, avec trop souvent le soutien d’une partie de votre administration, totalement déconnectés de ce qui est réellement la protection de l’environnement.
Le temps n’est plus au dogme, à l’environnementalisme de salon, punitif et culpabilisateur, ou au business de l’environnement, il est venu celui de l’écologie collective, partagée, positive, reconnaissante et récompensante.
Qu’il s’agisse du mont-blanc et de ses contreforts, des montagnes de la Corse, des Gorges de l’Ardèche, des falaises d’Etretat, des stations balnéaires renommées ou d’autres sites réputés en France ou à travers le monde, Venise, l’île de Pâques, Barcelone …. chacun de ces lieux souffre des conséquences dommageables et trop souvent destructrices de la surfréquentation.
Le pays du mont-blanc en est une criante caricature au travers des manifestations aux retombées mondiales, telles les nombreuses courses de l’ultra-trail du Mont-Blanc © au bilan carbone catastrophique. Chaque année une course de plus, chaque année encore plus de coureurs venus du monde entier, chaque année encore plus d’accompagnants…. Toujours plus ! A la nature, à la montagne de digérer cette foule d’urbains dont on l’inonde quel qu’en soit l’état de dangerosité ou de sécheresse, alors même que trop nombreux sont ceux qui n’en connaissent pas les codes. Mais business is business.
La fin des contraintes des années Covid a vu cette surfréquentation augmenter considérablement, devenant souvent insupportable. Les évènements climatiques que nous avons connus cet été, les conséquences de la sécheresse sur le milieu naturel, la faune, la flore, ont amplifié ces souffrances.
De peur d’écorner le sacro-saint principe de la liberté, peu d’élus osent demander que cela cesse et que des
limites encadrent tant les accès à certains sites que les évènements sportifs outdoor qui s’y déroulent.
Il ne s’agit pas d’interdire, il nous faut réguler.
- Oui nous voulons tous continuer à profiter librement des espaces naturels,
- Oui nous devons en permettre l’accès au plus grand nombre et ne pas le réserver à quelques-uns aguerris et expérimentés.
- Oui nous avons le devoir de réguler notre présence en fonction de la capacité et l’état de chaque site. C’est notre responsabilité d’élus, d’humains et de simples invités sur la planète terre. L’urgence ne nous permet plus de nous trouver des excuses.
Monsieur le Président de la République, ne laissez pas la chienlit s’installer au nom du droit de tout faire et de tout laisser-faire.
Monsieur le Président de la République, nous avons besoin de vous, vous devez faire preuve d’autorité en fixant le cadre que chacun de nous devra respecter et en vous appuyant sur tous les citoyens et leurs élus qui en ont assez des discours idéologiques qui ne font que diviser.
Je sais pouvoir compter à nouveau sur vous.
Jean-Marc Peillex
Maire de Saint-Gervais les bains
Vice-Président du Conseil départemental de Haute-Savoie