« On gaspille parfois bien des moyens financiers qui pourraient être plus utiles à ailleurs, des projets avortent. On met beaucoup de terres en décharge, pour le profit de gestionnaires de décharge et pour celui de transporteurs, pour le profit des premiers surtout». La remarque d’un participant au colloque sur les “terrains à passif environnemental : devenir des terres excavées” illustre les difficultés encore nombreuses dans l’utilisation des terres. C’est ce qu’a largement évoqué le colloque organisé par l’Union des Consultants et Ingénieurs en Environnement ( UCIE) en collaboration avec le Grand Lyon, avec le soutien de l’APPEL.
Les quantités de terres excavées s’accroissent au rythme de construction des infrastructures.Leur statut juridique varie d’un pays à l’autre. L’Europe les considère comme des déchets, mais laisse les états membres apprécier la situation. En France les terres excavées sont considérées comme des déchets.
Difficile à utiliser en ville
Le traitement des terres excavées pose de nombreuses difficultés, dont certaines ont été exposées par Pierre Clottes, référent sites et sols pollués pour le Grand Lyon, confronté à de nombreuses opérations d’envergure, notamment le quartier Confluence. Il est difficile de conserver les terres excavées au droit des sites d’où elles ont été extraites. Il est aussi difficile d’utiliser des terres extraites de sols polluéssous la voirie, sous des espaces verts, sous des dalles de béton, dans un milieu urbain dense.
Il faut dire que l’arrêté du 15 mars 2006 a compliqué la tâche des maitres d’ouvrage. Le texte a introduit de nouveaux paramètres à analyser dans des terres, comme la fraction soluble, ou l’antimoine, pour que le caractère inerte d’une terre soit validé. Des terres sans métaux lourds, sans composés organiques classiques reçoivent ainsi l’étiquette “non inertes ». Et elles doivent être évacuées de manière couteuse. Il faut multiplier les analyses par échantillonnage, trouver une destination pour des tas de terre que pour des raisons esthétiques ou psychologiques, des riverains refusent de voir arriver.
Souvent inertes
Bien souvent des déchets sont en fait inertes. Bien souvent le fait de les considérer comme des déchets avec stockage dans un centre, impose un classement au titre de la protection de l’environnement.
Devant cette complexité et des coûts souvent inutiles, les professionnels attendent des règles plus claires. Les pouvoirs publics ont bougé après de longues années d’immobilisme et d’hésitation. Certaines associations de défense de l’environnement ont été parfois des freins. Mais les règles ne sont pas encore toutes fixées.
Le MEEDAT a présenté le 29 mai un guide sur la valorisation des déchets ou assimilés dans les infrastructures routières. Ce guide a été produit par deux ans par un groupe de travail réunissant le SETRA, le LPC de Nantes, le CETE de Lyon, l’ADM%, l’INERIS, le BRGM et Polden-INSAVALOR. Le document devait être présenté par un fonctionnaire de MEEDDAT, qui n’était pas présent, ce qu’ont regretté les organisateurs, tant les débats restent nécessaires.
Le guide propose des fiches “environnement” comparables à des fiches « géotechniques déjà » utilisées. Il exclut tout une série de matériaux, comme les déchets dangereux, les produits pyrotechniques, l’amiante, et prescrit de prendre en compte la protection des eaux, eaux de surface, eaux souterrains, périmètres de captage. C’est une avancée, mais pour les professionnels, ce guide ne couvre qu’une partie de l’utilisation des déchets dans la construction. Le chantier reste ouvert…
Union des Consultants et Ingénieurs en Environnement, UCIE, BP 52132 69606 Villeurbanne cedex France www.ucie.eu ou posmaster@ucie.eu