Le projet de pôle toxicologique et écotoxicologique présenté au début de 2007 par Rovaltain et le département de la Drôme, a été défendu auprès de la direction générale du CNRS.
Le 22 janvier, un colloque présentait à Rovaltain, zone de développement Romans-Valence-Tain l’Hermitage de la Drôme, le projet de « pôle national toxicologique et éco-toxicologique » Depuis le projet avance dans un contexte âpre, tant les enjeux, scientifiques, politiques et régionaux sont importants. Un rapport a présenté il y a plusieurs semaines le projet à la direction générale du CNRS.
Personne ne met en doute la nécessité d’un tel pôle. Les interrogations sont nombreuses sur l’organisation de ce pôle et ses liens géographiques et institutionnels avec le reste de la recherche en France et éventuellement, en Rhône-Alpes ( voir notre encadré ci-dessous)
Le pôle national de toxicologie et d’écotoxicologie serait capable de mener des travaux dans des domaines très variés, dans un domaine où la France accuse un retard sensible. Les recherches seraient menées sur les effets biologiques des rayonnements ionisants ( X, gamma, ions lourds) et non-ionisants ( ultra violets, ondes micrométriques, ultrasons).
Des études seraient conduites sur des agents génotoxiques ayant un effet sur l’ADN, c’est à dire sur la reproduction des cellules.Les études porteraient sur des métaux lourds, sur les drogues chimiothérapiques dans les traitements contre le cancer, ou les agents de contraste.
Les études seraient menées à trois niveaux : in vivo, avec des expériences sur des animaux, in vitro, avec des expériences sur les tissus ou les cellules. Les recherches se feraient « in silico», par des moyens informatiques permettant simulation, modélisation.
Des équipes de passage et un plateau technique
Le pôle réunirait des équipes de recherche et d’expertise en toxicologie et écotoxicologie, qui utiliserait ce « très grand équipement », comme un “hôtel à projet”. C’est le fonctionnement du CERN, où des physiciens du monde entier, appartenant à des collaborations ( équipes thématiques ) variées, se partagent l’équipement suivant un calendrier précis. Ces équipes ne seraient pas en permanence sur le site. C’est comme cela que fonctionne le synchrotron de Grenoble ( ESRF), le GANIL à Caen ( Grand Accélérateur d’Ions lourds)
Elles viendraient utiliser ponctuellement pour des expériences un plateau technique servi par une équipe permanente. Ce plateau comprendrait une animalerie et des moyens pour exposer les animaux aux produits et aux rayonnements. Des équipements permettraient de produire des photons, des ions, mais il serait possible d’utiliser aussi des aérosols, des nanoparticules, des rayonnements électromagnétiques : lasers, micro-ondes, hyperfréquences.
La plate forme disposerait aussi d’un écotron un laboratoire dans lequel les processus seraient étudiés, à échelle 1, avec des mécanismes proches des conditions réelles strictement contrôlées ou dans des conditions accélérées.
Le pôle serait aussi un lieu d’enseignement à la toxicologie et à l’écotoxicologie, avec le recrutement d’un « professeur de haut niveau ». Plusieurs laboratoires rhônalpins seraient prêts à délocaliser sur Rovaltain des équipes.
Rovaltain joue des coudes pour s’imposer
Le futur pôle de recherche en toxicologie et écotoxicologie devra disposer de surfaces assez étendues pour accueillir des installations nombreuses et variées. Il faut donc de la surface, ce que bien des complexes scientifiques, bien des campus, sont en peine d’offrir.
A Paris et en région parisienne, mais aussi à Lyon ou à Grenoble, les campus ont besoin de s’agrandir. Rovaltain propose une zone capable d’accueillir des équipements de recherche et de développement sur 300 hectares à un coût intéressant. Pratique pour des laboratoires, mais aussi pour des pme et des pmi qui voudraient profiter de la proximité du pôle.
Les critères de choix sont aussi politiques. Le choix pourrait être un plus pour telle ou telle équipe locale aux municipales. Mais le choix a aussi un sens pour la gestion de la recherche. Le pôle ne devrait pas être marqué par sa proximité avec de grandes institutions existantes, publiques ou privées. A Grenoble, une implantation de l’IRSN ( Institut de Recherche en Sûreté Nucléaire) serait marquée par l’ombre portée du Commissariat à l’Energie Atomique. A Lyon, les activités biologiques pourraient bénéficier de la marque portée par le pôle de compétitivité Lyonbiopôle, mais aussi par l’empreinte très forte du secteur industriel privé, avec Aventis Pasteur, Mérieux.
Les défenseurs de Rovaltain vantent les mérites du site drômois qui est assez éloigné de Grenoble et de Lyon, sans être loin de Paris, ni éloigné de Marseille et de PACA où les activités nucléaires sont aussi fortes, avec Cadarache et le projet ITER.
Le projet drômois a aussi pour lui une excellente desserte pour les transports, des retombées en matière d’aménagement du territoire, une motivation locale forte, un cadre géographique. attractif, une vocation environnementale.
Les Drômois y croient.