Lors de sa session de la fin du mois de juin, les conseillers régionaux d’Auvergne Rhône-Alpes ont débattu sur le dossier d’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire » voyageurs ». Le débat a montré les limites, difficultés et risques de l’ouverture du marché, notamment en raison de l’état des infrastructures ferroviaires insuffisamment modernisées, malgré les efforts réalisés ces dernières années.
Laurent Wauquiez, président de la Région, a donné le ton : cette ouverture est réalisée sous contrainte légale, européenne, sans illusions. « On n’est pas des ayatollahs de la privatisation, on est dans une démarche d’ouverture imposée par la loi, avec en vue le service public. Certaines régions qui se sont ruées sur le sujet, en sont revenues. Je reste convaincu de faire pression sur la SNCF. Le vrai sujet est le suivant: on vit sur une hypocrisie, ou l’Etat se défausse du financement des infrastructures, qui relève d’une compétence nationale. » a souligné en substance Laurent Wauquiez en ouvrant et en rythmant les échanges.
Les prises de paroles, diverses, ont illustré des positions dénuées d’enthousiasme. Ainsi, Guillaume Lacroix, président du Groupe PRG, mais aussi président national du Parti des Radicaux de Gauche, insiste pour dire « La SNCF, n’est plus un service public des transports, voyons les prix, l’état des rames, les retards. Cette entreprise a connu et connait les dérives d’une situation de monopole dans laquelle on peut difficilement discuter. Il faut parler service au public, horaires, cadencement. Il ne faut pas s’interdire de créer de nouvelles lignes. Néanmoins il faut reconnaitre l’absence d’une véritable concurrence. On ne sait pas avec qui nous pourrions travailler et nous ne savons pas s’ils pourraient faire mieux. Nous devrions travailler à de nouvelles offres par exemple coopératives », rappelle l’élu du Parti Radical de Gauche, PRG qui a annoncé que son groupe s’abstiendrait.
Christophe Boudot, (LIS), sceptique lui aussi, déplore que l’Europe impose de plus en plus une vision fédérale. » Mais l’Etat français ne remplit pas son rôle. L’intervention de plusieurs exploitants, sera-t-elle un gage de réussite ? Il peut y avoir d’autres désaccords surtout si nous avons plusieurs interlocuteurs… Nous rêvons de syndicats de branche non politiques. Nous vous demander de soutenir une ouverture à la concurrence, mais nous voterons ce rapport ».
Un rapport de force contre l’Union européenne
Emilie Marche, (Insoumis, Communistes) déplore que le rapport de force ne se développe pas contre l’Union européenne, alors que dans les Régions qui ont opté rapidement pour l’ouverture à la concurrence, comme cela a été vu avec la Bretagne ou avec la Région Provence Alpes Côte d’Azur, les prix ont augmenté depuis l’exploitation des trains régionaux par le groupe Transdev. Le groupe IC a donc voté contre.
Jean-Baptiste Baud pour sa part, (SED, Haute Savoie), met en cause une vision de la concurrence qui ne correspond plus à certains défis actuels. ‘ La priorité est d’avoir une puissance publique qui maitrise les secteur clés ». Le conseiller régional de Haute Savoie, avertit aussi quant au coût de la mise en place de l’ouverture à la concurrence. « On est en train de se compliquer la vie, en risquant d’oublier l’usager ». Cette mise en concurrence ne réglera pas la question du réseau. Nous tenon que la Région réaffirme une politique ferroviaire ambitieuse. »
Brice Bernard (Puy de Dôme Rassemblement National) estime que l’ouverture à la concurrence ne se fera pas sans difficulté. Il se demande « comment garantir que la découpe favorise pas le dumping social ».
Eric Fournier, pour le groupe UDI, « L’ouverture du service ferroviaire est nécessaire, notre système a besoin d’air et nous lui donnons du fer ». Notre pays, notre région doivent s’appuyer sur les lignes locales, rurales, montagnardes, transfrontalières. Le système ferroviaire doit se réformer profondément car les infrastructures ne font pas l’objet d’un renouvellement malgré une participation régionale qui dépasse ce qu’elle devrait être, parce qu’il n’y a pas de contrôle sur les expertises de SNCF Réseau qui propose des coûts pour les travaux qui dissuadent d’entreprendre ces derniers. Il y a trop de fonctionnement, mal contrôlé pas assez d’investissement. Nous ne parlons pas de privatisation, nous parlons d’un sauvetage, sans lequel dans 10 ans nos lignes auront disparu. Il faut qu’on engage une réforme. Nous aurions voulu aller plus vite. Nous avons dit notre confiance dans l’opérateur historique et des opérateurs alternatifs ».
Céline Michel (Les Ecologistes, Rhône), dénonce les économies ferroviaires, est un mensonge, il faut développer le service comme l’a fait l’Occitanie. Vous avez approuvé les moyens de la région la Région devant passer un appel à AMO, pour un montant de 5 millions d’euros. ? Pour l’élue, le bilan est négatif. Olivier Longeon, (Les Ecologistes, Loire) insiste sur la nécessité d’une billettique claire, régionale, nationale et internationale, afin de conserver et d’améliorer le service aux usagers.
Amendements