Lors de la Conférence IESF-Enviscope, « quelle transition énergétique pour nos territoires? », Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Négawatt, a rappelé la logique d’un scénario qui place la réduction de la demande d’énergie par la sobriété et l’organisation, avant les réponses techniques.
La conférence organisée par Ingénieurs et Scientifiques de France et Enviscope le 12 février à l’Insa de Lyon a battu les records d’affluence. Près de deux-cents personnes ont répondu à l’invitation d’Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF), de la Société des Electriciens et des Electroniciens (SEE) et d’Enviscope, pour écouter deux intervenants évoquer les priorités de la transition énergétique. Marc Jedliczka, porte parole de l’association Négawatt et Clément Ramos, du bureau de conseil Carbone 4, ont présenté deux approches complémentaires sur un dossier complexe qui suppose une clarification.
Marc Jedliczka a rappelé la philosophie du scénario Négawatt qui propose une trajectoire décarbonée pour la France, avec comme horizon 2050.
L’énergie primaire en France était en 2015, à 48 % tirée d’énergies fossiles, à 42 % du nucléaire et à 10 % d’énergies renouvelables. La France, a rappelé Marc Jedliczka, consomme chaque année 1740 TWh d’énergie finale : 50 % pour la chaleur, 35 % pour la mobilité, et 15 % sous forme d’électricité spécifique. La répartition sectorielle est la suivante : 44 % pour le résidentiel et le tertiaire, 33 % pour le secteur des transports, et 23 % pour l’industrie et l’agriculture.
Des pertes importantes d’énergie primaire
Avec 2960 TWh, l’énergie primaire représentait en 2015, 160 % de l’énergie finale. Une grande partie de l’énergie produite est en effet dissipée dans l’atmosphère sous forme de chaleur, notamment dans la filière nucléaire.
Le scénario Négawatt repose d’abord sur une réduction de la demande. La réduction passe par un changement de société, un renoncement à la consommation effrénée et par une meilleure organisation sociale. La priorité est l’acceptation d’une sobriété positive.
Il est évident que le besoin de mobilité entraîne des dépenses énergétiques totalement insoutenables. Le secteur des transports dépend à 95 % d’énergies fossiles. Le transport aérien est le mode de transport le plus consommateur d’énergie. Négawatt mise sur une stabilisation du secteur aérien en 2050 au niveau de 2000. Mais en France, l’aménagement du territoire a favorisé l’étalement, le développement de la voiture individuelle et une inadaptation des transports en commun. Le fret ferroviaire s’est effondré entre 2000 et 2010.
Il faut renoncer à des habitude de déplacement, rouler moins et moins vite, donner la priorité aux transport collectifs, aux modes doux, sans pour autant renoncer à une mobilité variée.
Priorité au méthane renouvelable
La réduction de la demande acquise, le scénario Négawatt avance des solutions techniques. « L’ingénieur vient après le changement des habitudes », insiste Marc Jedliczka. Négawatt met en avant la sortie du nucléaire, pour des raisons de sécurité et de sûreté, de prolifération, d’approvisionnement. Le scénario donne la priorité aux énergies renouvelables les plus simples, celles qui permettent un développement à grande échelle aussi rapide que possible.
Pour les transports, il préconise un fort développement des énergies renouvelables et privilégie le recours au gaz naturel pour véhicules ou mieux au biométhane obtenu par méthanisation, gazéification ou méthanation.
Le scénario inclut dans son scénario une révolution industrielle : le développement des matériaux biosourcés, la relocalisation de la production, les circuits courts. Pour le secteur du bâtiment, il met en avant des investissements massifs dans la rénovation énergétique.