Les autocaristes, entreprises du transport de voyageurs, cherchent des conducteurs et des spécialistes de la maintenance. L’autocar est en pleine évolution, et le métier de conducteur fait appel à des compétences de conduite, mais aussi d’accueil et de service, alors que les professionnels de la maintenance doivent gérer l’arrivée de nouvelles énergies,  gaz , BioGNV, biodiesel,  électricité, hydrogène. C’est ce qu’explique Abdel Mammad, est coprésident de la Fédération du Transport Routier de Voyageurs  pour Auvergne Rhône-Alpes.

Enviscope : Le secteur du transport routier de voyageurs connait des tensions en matière de recrutement. ?

Abdel Mammad. Notre secteur a connu des tensions en matière de recrutement en 2022, et dans une moindre mesure en 2023. Mais grâce aux actions des entreprises, de la Fédération du Transport Routier de Voyageurs, des collectivités nous arrivons à rendre les métiers de transport de personnes plus attractifs.

Nous avons encore des difficultés de recrutement pour les conducteurs mais aussi pour les métiers de la maintenance. En effet nos flottes sont en train d’être transformées, passant du diesel a une gamme d’énergies nouvelles, le gaz naturel ou le BioGNV, l’électricité. La maintenance exige de grandes compétences sur des technologues très différentes, et pour certains très nouvelles.

Enviscope  : Pourquoi le métier de conducteur d’autocar est-il mal connu ?

Abdel Mammad. C’est un métier qui a du sens, surtout à une époque où il faut développer le transport collectif, en ville, mais aussi entre les villes et dans les campagnes. C’est un beau métier, qui a deux facettes, la conduite, qui suppose une grande technicité et un sens des responsabilités, mais aussi un métier d’accueil, qui revêt une dimension commerciale, et même sociale, qui crée du lien.

 Enviscope : Comment avez-vous fait pour faire évoluer l’image du métier et la compréhension de ses multiples facettes ?

Abdel Mammad. Il y a quelques années, il était simplement nécessaire d’avoir un permis de transport en commun pour accéder aux empois de conducteur. Mais la seule existence de ce permis qui ne pouvait être passé qu’à l’âge de 21 ans, éloignait nos métiers de toutes les filières d’orientation qui aboutissent à des secteurs professionnels larges, ouvrant eux-mêmes à des métiers, à des carrières complètes et variées. L’abaissement en 2021 de son obtention à l’âge de 18 ans a été une grande avancée pour la profession pour endiguer la pénurie de conducteurs, encore trop réelle de nos jours. Il manque 1 000 conducteurs en Auvergne-Rhône-Alpes !

Les jeunes ne s’orientaient donc pas vers nos métiers. Ils y venaient seulement par la suite, des personnes y venant même parfois en deuxième période de vie professionnelle.  Nous avons créé un Certificat d’aptitude professionnelle de conducteur et d’agent d’accueil, qui permet de faire découvrir les facettes du métier de conducteur, la conduite bien sûr, mais aussi la dimension commerciale et de service.

Ce CAP lancé en 2022 est proposé dans quatre villes de la Région, Grenoble, Chambéry, Montélimar, Bourg-en -Bresse. Trente-deux jeunes ont été formés dans ces quatre centres et nous allons ouvrir des formations dans deux autres villes.

Enviscope: Quels sont les attraits du métier de conducteur, mais aussi quels sont les contraintes ?

Abdel Mammad. Pour les inconvénients, d’abord, ils peuvent résider dans les horaires, qui correspondent aux heures de pointe de la demande, surtout pour les services scolaires. Le matin de 7 heures à 9 heures et l’après-midi de 15 heures 30 à 18 heures. Il y a donc évidemment des coupures pendant lesquelles les conducteurs sont libres ? Mais nous essayons de créer des activités qui remplissent ces coupures et offrent des horaires le plus complets possible.

Pour les avantages : la conduite est une activité très responsabilisante, très variée. Les conducteurs apprécient surtout l’indépendance, ils sont responsables à bord et n’ont pas de hiérarchie derrière eux. Cette indépendance est très appréciée.

Enviscope : Quelles sont les carrières dans les métiers du transport de personnes ?

Abdel Mammad. L’exercice du métier est varié, du transport urbain, scolaire, à l’interurbain, en passant par le tourisme. Toute nos entreprises n’ont pas les mêmes effectifs, et ne couvrent pas forcément de larges marchés, comme le transport urbain, le transport interurbain, le transport scolaire ou le tourisme. Le passage d’un métier à l’autre est donc plus facile dans les entreprises plus grandes que dans les entreprises de plus petite taille.

Il peut y avoir aussi une évolution du métier vers des métiers comme l’organisation des services ; mais les postes sont moins nombreux.

Enviscope :Les métiers du transport de voyageur connaissent un recours important au travail intérimaire, du fait d’une demande des salariés ?

Abdel Mammad. En effet, nous avons noté une augmentation très importante du nombre de salariés qui préfèrent rester dans le statut de l’intérim. C’est un choix de leur part, une manière de conserver une part de liberté. C’est le reflet d’une évolution de l’ensemble de notre société, dans le rapport au travail et dans le rapport à l’entreprise Des personnes qui sont par ailleurs de bons professionnels, qui travaillent très bien, ne souhaitent pas opter pour un CDI, mais préfèrent disposer de temps à autre de période pour elles-mêmes. Nous devons tenir compte de cette évolution, qi n’empêche par une grande partie des personnels d’être stables.

 Enviscope : Ce recours à l’intérim un cout ?

Abdel Mammad. Oui, bien sûr entre la prestation de la société qui met à disposition et les primes auquel le salarié en intérim a droit on peut estimer le surtout pour l’entreprise à environ 30%, des surcouts salariaux que nous répercutons évidemment sur nos marchés, sur la collectivité qui prend en charge une partie et bien sûr, sur les clients.