L’Alliance du Simplon est un plan d’action signé par les ministres des transports et de l’environnement des pays alpins le 27 octobre à Brigue (Suisse). Les pays alpins comprennent lAllemagne, l’Autriche, la France, le Liechtenstein, la Slovénie, la Suisse, l’Italie. Ce dernier pays dont le gouvernement est à peine installé n’a pas participé à la réunion. Pour la CIPRA, ONG de coopération entre pays alpins, l’Alliance va dans le bon sens , mais sans engagements fermes
Les défis sont nombreux : avec 30 % des émissions, le transport est l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre de l’arc alpin. Le document signé à Brigue vise à « rendre la mobilité neutre pour le climat et résiliente au changement climatique d’ici à 2050 ».
Le vaste éventail de mesures couvre les domaines du transport de marchandises, du transport de personnes et de la mobilité de loisirs. En matière d’évitement du trafic, le texte met l’accent sur des mesures d’incitation et d’éducation, sur l’action volontaire des personnes.
Le trafic de marchandises transalpin est au cœur des objectifs de transfert modal. Le plan d’action souligne la nécessité d’éviter les trajets de camions à vide. Le principe de la gestion conjointe des capacités dans les corridors de transit alpins a été remplacé par une « coordination conjointe ». Manque encore un engagement clair en faveur d’une internalisation aussi complète que possible des coûts externes du transport routier de marchandises dans le déploiement de la directive Eurovignette au niveau national. Aurait été souhaitable la garantie que les majorations de péage locales introduites par certains pays ne soient pas bloquées par d’autres pays alpins concernés par les corridors de transit
Encourager le report modal des trajets domicile-travail
Les signataires s’engagent à décarboner les transports publics routiers et ferroviaires, à encourager la mobilité douce. Pour libérer les autoroutes des grandes vallées des flux pendulaires, le plan prévoit la mise en place de billets flexibles et transfrontaliers pour les transports publics, valables dans toutes les Alpes. Avec leprojet « AlpTick », le Conseil des jeunes de la CIPRA s’engage depuis six ans pour la mise en place d’un tel billet transalpin. La XVIIe Conférence des ministres de la Convention alpine tenue le jour même à Brigue a demandé aux représentations des pays alpins de soutenir sa requête.
Mobilité de loisirs : des vacances sans embouteillages
Pour supprimer des kilomètres de bouchons qui congestionnent régulièrement les autoroutes et qui exposent la population locale au bruit, aux gaz d’échappement et aux particules fines, les pays alpins s’engagent à des mesures d’encouragement : meilleure desserte des destinations touristiques par les transports publics, facilitation et promotion des voyages neutres pour le climat, offres touristiques tout-en-un, renforcement des infrastructures pour cyclistes et piétons.
L’Alliance du Simplon n’est pas un texte contraignant
CIPRA International a contribué à l’élaboration du plan d’action de l’Alliance du Simplon . Mais Kaspar Schuler, directeur de la CIPRA, porte un regard mitigé sur le plan signé à Brigue: « Les mesures recensées sont tout à fait actuelles. Afin d’obtenir l’aval de tous les pays alpins, elles ont toutefois été formulées de manière très vague. Deux éléments fondamentaux que nous avions réclamés sont complètement absents : d’une part l’engagement à l’échelle alpine d’interdire le transport de marchandises dangereuses sur les principaux franchissements alpins. La Suisse est actuellement le seul pays à l’avoir fait. Et d’autre part un plan de mise en œuvre répartissant clairement les tâches, avec des objectifs intermédiaires. Ces deux revendications doivent être maintenues, si nous ne voulons pas que la vie dans les Alpes étouffe sous le trafic. »