La société SAS Jugnon Biogaz, portée par un groupement d’agriculteurs et basée à Viriat dans l’Ain, injecte depuis le 2 juin du biométhane produit localement sur le réseau de distribution de gaz burgien exploité par GRDF.
Huit agriculteurs des communes de Viriat, Attignat et Cras sur Reyssouze se sont regroupés pour créer la société Jugnon Biogaz, et exploiter une unité de méthanisation pour valoriser les déchets agricoles et les intercultures de leurs cinq fermes. L’installation a été construite en un an en faisant appel exclusivement à des entreprises locales et régionales. En production depuis le 2 juin, elle participe au maintien de l’agriculture sur le territoire de l’Ain grâce à la diversification de l’activité des agriculteurs, et a permis le recrutement d’un salarié depuis octobre 2020.
En plus de créer de la valeur sur le territoire, il permet de produire un gaz 100 % renouvelable produit localement à Viriat, à partir d’effluents d’élevage (lisier porcin, lisier bovin et fumier bovin) et d’intercultures (cultures plantées entre les cultures principales). Ce gaz, injecté directement dans le réseau du bassin burgien, a les mêmes caractéristiques que le gaz naturel : il peut être utilisé en chauffage, en cuisine mais aussi sous forme de biocarburant alternatif (le BioGNV) pour alimenter des bus, cars, véhicules utilitaires légers ou encore des bennes à ordure. Le méthaniseur a une capacité de traitement de 10 600 t/an et produira 14 GWh de gaz renouvelable et local par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 2 300 logements neufs chauffés au gaz. Une demande d’autorisation pour augmenter sa capacité de traitement à 29 000 t/an par l’ajout d’une nouvelle unité a d’ores et déjà été déposée en préfecture de l’Ain, suite à l’arrivée d’une sixième ferme dans le groupement.
Le digestat, engrais organique naturel
Les agriculteurs associés de Jugnon Biogaz ont la volonté de renforcer leur approche d’agriculture raisonnée ou biologique. Un des exploitants agricoles est d’ailleurs déjà en agriculture « bio ». En effet, leurs exploitations sont situées dans une zone vulnérable aux nitrates, et les intercultures utilisées pour alimenter le méthaniseur permettent de mieux couvrir les sols et de piéger efficacement l’azote résiduel, évitant ainsi son écoulement dans les cours d’eau. Autre avantage, le digestat, coproduit solide de la méthanisation, est un engrais organique naturel réduisant très fortement les odeurs, qui vient en substitution des engrais chimiques. L’utilisation de ce digestat permet aussi d’augmenter le taux d’humus des sols et ainsi renforcer leur résilience par rapport aux aléas climatiques (meilleure porosité des sols, augmentation du pouvoir de rétention de l’eau, limitation de l’érosion). Cette démarche globale d’agroécologie permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre des exploitations agricoles et contribue ainsi à l’émergence de solutions locales dans le cadre des engagements de la France pour atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique.
Plus d’une centaine de projets en préparation
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, c’est le 18e site de méthanisation qui injecte dans le réseau de GRDF (le troisième dans l’Ain), mais plus d’une centaine de projets sont en préparation. Début mai 2021, on comptait au moins 242 sites de méthanisation qui injectent du gaz vert dans les réseaux gaziers en France. La Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) fixe un objectif de 10 % de gaz renouvelable dans les réseaux d’ici 2030 (elle est actuellement de 0,3 % dans la région) mais au regard de la dynamique territoriale, l’ensemble de la filière estime qu’il est possible d’aller au-delà.