Un Français sur six accepte de payer l’information : des effets négatifs

L’Institut de sondage Ipsos vient de publier un sondage dont les résultats sont alarmants sur la société française. Un Français sur six seulement (15 %) est prêt à payer pour lire une information de qualité, répondant à des critères minimum, et un sur quatre ne lit jamais de journaux.

Michel Deprost

La France se positionne mal dans le paysage mondial et européen du consentement à payer pour bien s’informer. Les raisons de ce faible consentement rejoignent celles du peu de confiance exprimé par les Français vis-à-vis des médias. Et tout cela forme une spirale négative aux effets sociaux délétères.

Les racines de ces comportements sont diverses. Elles plongent dans notre histoire. La France est un pays de culture essentiellement catholique, et comme dans tous les pays de culture catholique la lecture s’est développée tardivement. Des pays d’Europe du Nord, de tradition réformée sont depuis longtemps de meilleurs lecteurs car dès le XVIe siècle, la Réforme a autorisé tout un chacun, à lire directement et librement la Bible.

La presse souffre de la défiance qui règne dans notre pays face à toute institution, face à l’État, et face aux autres piliers que sont les élus, le Parlement, et d’autres corps intermédiaires, les partis politiques et les syndicats. La presse, par ses liens avec ces institutions, est condamnée à subir les effets de la défiance.

Elle a été victime des effets incontrôlés d’un développement d’internet dominé par ce qu’on appelle les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) qui mettent en avant l’individu consommateur de contenus, de n’importe quel contenu, et consommateur cible de tous les marchands.

L’information et sa valeur ont été estompées, remplacés en partie par les contenus sans contrôle. La vérité n’est plus le produit d’un travail, elle appartient à celui qui crie le plus fort, séduit le plus d’amis, a le plus de « followers ».

Les conséquences sont catastrophiques pour la société. Chacun est abreuvé de contenus de plus en plus simplifiés, primaires, épidermiques, subjectifs, faciles à consommer, à répandre. Les contenus, complotistes ou autres, sont diffusés de manière virale, cachés derrière le masque de l’anonymat, oblitérant et diluant toute responsabilité juridique ou pénale de leurs auteurs.

Cette spirale qui se déploie de plus en plus vite, interdit toute écoute, tout respect, toute réflexion, toute tolérance, toute modestie. Elle empêche la coopération, l’empathie, la négociation pour approfondir les clivages, les oppositions, la violence, d’abord verbale puis physique.

L’information, tracée, signée, sourcée, permet de mettre en place un autre fonctionnement social, apaisé, positif, utile. C’est ce qui se pratique dans des pays avancés sur le plan économique, social, et politique, en Europe même. L’information a une valeur, inestimable, et elle a un prix. C’est d’ailleurs pourquoi Enviscope repose sur le développement des abonnements. À bon entendeur…

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