Une étude sur la présence de perfluorés dans l’air, l’eau et le sol sur la commune de Pierre-Bénite et alentours rappelle le besoin de vigilance et de réduction des émissions par les usines chimiques. La Métropole de Lyon et la Préfecture rappellent chacune à sa manière, leurs actions de surveillance et de réduction des émissions polluantes de l’industrie chimique.
Après une réunion organisée à la Maison de l’Environnement sur la présence de molécules contenant du fluor, près de sites chimiques de la Vallée de la Chimie, la Métropole et les services de l’Etat rappellent leurs actions respectives. La Métropole rappelle son action pour réduire les émissions. L’Etat rappelle son action de surveillance accrue.
« La Métropole de Lyon, favorable à la transparence de l’information, a eu connaissance de cette enquête fortement utile pour nos concitoyens. Celle-ci nous informe sur les concentrations élevées de perfluorés dans l’air, l’eau et les sols dans une commune de notre territoire. Ce constat, préoccupant pour la santé des habitantes et habitants de notre métropole, nous alerte sur les pollutions chimiques liées aux activités passées et présentes dans la Vallée de la Chimie. Dès le début de notre mandat, nous nous sommes attaqués aux pollutions générées par les activités humaines afin de réduire leur présence » souligne Bruno Bernard, Président de la Métropole de Lyon.
Afin d’agir vite sur les pollutions chimiques, l’exécutif élu en juillet 2020, a pris plusieurs mesures pour réduire la pollution de l’environnement. Le 8 décembre 2021 la Métropole a signé avec 15 communes du territoire de la Charte d’engagement Villes et Territoires « sans perturbateur endocrinien » pour réduire l’exposition de la population, notamment des enfants et des femmes enceintes, à ces substances qui interfèrent avec le système hormonal. La collectivité accompagne des industriels du territoire dans leur transition écologique, notamment dans la réduction de leurs émissions. Un fonds d’amorçage industriel de 80 millions d’euros soutient des projets en faveur d’une industrie plus vertueuse. Un « Manifeste pour une industrie qui se transforme et s’engage pour l’environnement » a été signé par plus de 120 entreprises industrielles du territoire. La réduction des pollutions chimiques dans l’eau potable grâce à l’élaboration d’une politique volontariste visant à réduire les activités polluantes industrielles et agricoles dans les aires d’alimentation des champs captants.
« La lutte contre le fléau sanitaire des pollutions industrielles doit avant tout passer par l‘élargissement des normes et des réglementations nationales et européennes et un renforcement des contrôles que nous appelons de nos vœux de façon urgente » ajoute Bruno Bernard.
Surveillance accrue par les services de l’Etat
La Préfecture du Rhône rappelle que les PFAS ( perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ) sont des substances chimiques synthétiques. Fabriquées depuis les années 1950, elles sont utilisées dans de nombreuses applications industrielles et produits de consommation courante pour leurs propriétés imperméabilisantes, ignifuges, antiadhésives… On peut les retrouver par exemple dans les poêles, les mousses isolantes ou le fart à skis.
Les PFAS se dégradant très peu, il est possible d’en retrouver des trace dans l’environnement. Comme beaucoup de substances chimiques, même simples, elles peuvent présenter un risque pour la santé, généralement dans le cas d’une exposition répétée et à long terme.
Des risques différents
Cependant, toutes les substances de la famille des PFAS ne présentent pas les mêmes risques. Certaines sont interdites et d’autres sont en cours d’interdiction au niveau européen. Ainsi, la stratégie européenne sur les produits chimiques prévoit de restreindre, via le Règlement REACH les usages des PFAS aux seuls usages essentiels pour la société.
Pour améliorer les connaissances et les compétences en évaluation des risques liés aux substances chimiques, le partenariat européen pour l’évaluation des risques liés aux substances chimiques (PARC) sera lancé dans les prochains jours, avec un budget de 400 millions d’euros et une mobilisation d’ampleur inédite.
Les services de l’Etat (DREAL) contrôlent régulièrement les sites d’Arkema et Daikin sur la plateforme industrielle de Pierre-Bénite, au titre de la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), dont les rejets de perfluorés sont l’objet de la réunion tenue ce jour à la Maison de l’Environnement de Lyon.
Des inspections par l’Etat
Le site d’Arkema, classé Seveso seuil haut (au titre des risques accidentels), a été inspecté 11 fois en 2020 et 12 fois en 2021. Les inspections ont porté sur une grande diversité de points de contrôle, relevant à la fois des risques accidentels (études de dangers…) et des risques chroniques (pollutions).
Le site de Daikin (non Seveso, mais soumis au régime de l’autorisation) a été inspecté deux fois en 2020.
À ce jour, les rejets des trois perfluorés utilisés par les deux sites concernés ne sont pas réglementés. Toutefois, des contrôles récents concernant les PFAS ont été réalisés par la DREAL et des laboratoires agréés :
• un contrôle inopiné des points de rejets d’Arkema le 28 avril 2022, à la suite d’un autre contrôle le 23 mars 2022 ;
• un contrôle des eaux du Rhône et du canal usinier le 5 mai 2022 ;
• un contrôle des rejets de Daikin est programmé très prochainement.
Les services de l’État prennent très au sérieux les risques liés aux rejets des industriels qu’ils contrôlent, et n’ont de cesse de les faire diminuer. Ils mettront bientôt en place une surveillance approfondie des rejets de perfluorés. Sur la base de cette
surveillance, dont les résultats pourront être comparés à ceux de l’étude présentée lors de la réunion de la Maison de l’Environnement, quand celle-ci sera transmise dans le détail à l’administration, l’inspection des installations classées se rendra auprès de chaque exploitant et s’attachera à encadrer les rejets des substances concernées. Les risques sanitaires liés aux concentrations de PFAS mesurées feront l’objet d’une attention particulière du Ministère de la Santé. Les services du ministère de la Transition écologique, en lien avec les services du ministère des Solidarités et de la Santé et plus particulièrement l’ANSES, vont engager un travail plus général sur les pollutions liées aux PFAS, afin de préciser l’état des lieux, de mieux comprendre et combattre ces pollutions.