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15 millions de travaux pour protéger 120 000 habitants des crues de l’Yzeron ( Rhône)

En 1993, l’Yzeron, cours d’eau descendant des Monts du Lyonnais a connu une crue dévastatrice, puis une autre crue automnale en 2003 et même en 2005, une crue de printemps. Les phénomènes ont dépassé les risques estimés par les spécialistes et provoqué des dégâts matériels importants. Ils ne faisaient que confirmer la tendance à une recrudescence des crues constatée depuis une vingtaine d’années, augmentation d’autant plus sensible dans les zones urbanisées comme le sud-ouest de Lyon.


Après la seconde guerre mondiale, et jusque dans les années soixante dix, le sud ouest de l’agglomération lyonnaise s’est beaucoup construit, jusque dans certaines zones qu’on ne pensait pas inondables. La crue de 1993, a fait réagir, et le préfet du Rhône avait installé un comité de rivière pour qu’usagers, services de l’Etat, élus locaux s’emparent du dossier. En 2002, le SAGYRC ( Syndicat Intercommunal du Bassin de l’Yzeron) signait un contrat de rivière prévoyant la construction de barrages et l’élargissement du lit de plusieurs cours d’eau. Objectif protéger les quelque 120 000 habitants des 20 communes adhérentes du syndicat.


Bonnes solutions


Mais il a fallu encore quelques années pour être certain que ces solutions étaient les bonnes. ” On a étudié d’autres solutions, explique Stéphane Guérin, responsable du SAGYRC. On a étudié la pose de protection dans les parties inondables, de batardeaux, mais cela ne donne pas assez de sécurité. On a étudié la création de retenues multiples en amont sur le bassin, mais le résultat n’était pas aussi efficace, on a étudié la possibilité de quatre barrages, sur l’Yzeron et sur le Charbonnières, mais le coût était supérieur. On a même étudié la solution d’une galerie venant du confluent de l’Yzeron et du Charbonnières et se jetant dans la Saône en passant sous Fourvière, mais c’était reporter une partie du problème sur la Sâone“.



Deux barrages et des aménagements


La stratégie retenue consiste en deux séries de travaux. Ces propositions ont été validées lors de concertations préparatoires, y compris avec des associations de protection de l’environnement. La FRAPNA a ainsi même réalisé les études sur l’état des milieux avant les travaux, ce qui permet de préciser l’impact et des mesures de compensation. Le CORA, la Fédération de pêche, la Fédération des Chasseurs ont aussi été associés.


Deux retenues sèches sont proposées à la consultation actuelle qui précède l’enquête publique. Il s’agit de retenues destinées à contenir les eaux seulement pendant quelques heures, pendant les crues et non pas de retenues permanentes. Une digue haute de 22 mètres et longue de 195 mètres serait construite sur l’Yzeron à Francheville, sur le site de la Roussille, en amont du confluent avec le Charbonnières. Une crue centennale couvrirait 19 hectares de cette vallée essentiellement boisée. Le deuxième barrage ” sec” serait situé à Tassin la Demi-Lune, sur le Charbonnières. Sa digue haute de 10 mètres, longue de 128 mètres retiendrait une masse d’eau qui recouvrirait en cas de crue, des zones de prairies et de cultures. Sur chaque site, une parcelle habitée nécessitera, si l’enquête déclare le projet d’utilité publique, une procédure d’expropriation.


Les autres travaux consistent à élargir le lit des cours d’eau pour permettre l’évacuation des eaux en cas de crues, avec la suppression d’un gué, le réhaussement d’un pont, et parfois la construction de merlons.


Lutte contre l’imperméabilisation


Les aménagements sont réalisés en cohérence avec les dispositions d’urbanisme, souligne Yves Hartman, président du SAGYRC, par ailleurs maire de Grézieu la Varenne. Les travaux n’empêchent pas les plans locaux d’urbanisme de contrôler les constructions pour éviter l’imperméabilisation des sols, et les rejets dans les réseaux, même d’eaux pluviales. C’est ainsi qu’une grande surface aggrandie du secteur a dû prévoir un système de rétention pour contenir les eaux d’orage.


Les études ont été déléguées au bureau Hydratec, implanté à Lyon. Le maître d’oeuvre pour la réalisation des barrages sera le groupement ISL, et Urbi et Orbi, pour les aspects paysagers. Les travaux d’aménagement des cours d’eau auront pour maîtres d’oeuvre SOGREAH et Ilex Paysages.


Le montant des travaux s’élève à 14,98 millions d’euros hors taxes, dont 1,85 million pour le barrage de Tassin, 6,3 millions pour le barrage de Francheville, et de 6,83 millions pour les aménagements de cours d’eau.


Le Sagyrc apportera 20% du financement, l’Etat 14,7%, le Grand Lyon 42,5% dans le cadre d’opération touchant l’assainissement. Le reste du financement est apporté par l’Agence de l’Eau ( Rhône-Méditerranée), par la Région Rhône-Alpes (1,1M= et par le département du Rhône ( 20%). La phase administrative devrait s’achever en 2008, les autorisations être données en 2009, pour un démarrage des travaux en 2010, et un achèvement en deux ans. Si une crue ne vient pas bousculer le programme.


michel.deprost@free.fr


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